Un des points frappants du livre de Maxime Leroy, c'est, pourrait-on dire, l'actualité politique et sociale de Sainte-Beuve. Témoin de l'action des Saint-Simoniens, dès 1825, des révolutions de 1830 et de 1848, du coup d'État du 2 Décembre 1851, Sainte-Beuve a vu, dans ces mouvements confus et brutaux, ce qu'ils contenaient de permanent, de durablement humain ; et c'est précisément parce qu'il a eu ce sens du permanent politique et social, qu'il n'a pas vieilli.
... Ce n'est pas seulement une histoire de la pensée politique de Sainte-Beuve que Maxime Leroy a écrite : Sainte-Beuve est en réalité, dans ce livre, le centre d'une histoire générale de la pensée politique et sociale française depuis le Saint-Simonisme ïusqu'au coup d'État du Prince-Président. En nous apprenant à connaître un des plus singuliers génies français, il nous a aidés, en même temps, à mieux connaître une foule de faits et d'idées où tant de nos intérêts contemporains ont leur source, portant une partie de leur nécessité, portant une partie de leur explication. Préoccupé du passé en même temps que du présent, Maxime Leroy s'est trouvé par la nature de son genre d'esprit, par ses études antérieures, à même de fixer, sans trop de témérité, ce qu'il y a de suranné ou d'anticipateur dans une vaste pensée, enfin remise à sa place, à une place éminente dans l'évolution intellectuelle de la France contemporaine.