C'est l'après-guerre, en Somalie italienne. Un homme chasse les singes pour le compte de laboratoires américains. Il vit comme tous les blancs, avec ce vague complexe de supériorité qui endort si bien les consciences paresseuses. Pourtant autour de ces blancs, le monde a bougé. La violence a une odeur de soufre. Bien peu s'en aperçoivent. Il faudra au héros de cette histoire le suicide d'un médecin de ses amis et une rencontre avec Reine, Somalienne d'une éblouissante beauté, pour découvrir ces craquelures qui annoncent la fin d'un système. Reine entretient en lui-même une obsession presque insoutenable. Elle est esclave quand il la voudrait maîtresse. Dans l'amour même, elle refuse l'égalité, non par soumission pure, mais par orgueil et mépris du «patron». Et rien ne saura la faire descendre de cet olympe où elle juge ceux qui la possèdent. Ce refus, le héros du roman d'Enrico Emanuelli ne le comprendra qu'à la fin. Le paria, c'est peut-être lui. Il retournera aux seules amours que l'on partage.