À Vienne en 1945, sous les décombres d'une maison bombardée, des enfants ont trouvé un gîte. Ils luttent jour après jour contre le froid, la faim, l'épuisement par les moyens les plus immédiats : le troc, le vol, la prostitution. Ce sont des enfants sans âge, vieux comme la misère du monde. «J'ai treize fois treize fois treize ans» dit l'un d'eux, Youd le petit Juif rescapé de plusieurs camps. Auprès de lui, Eve, quinze ans, veut «se mettre en carte». Moustique est un bébé qui n'a jamais appris à marcher, Goy aime allumer des feux. Ate, des Jeunesses hitlériennes, a vendu ses parents à la Gestapo. Frisettes attend en vain sa mère «libérée» par les Polonais. Ils défendent leur cave contre les envieux qui les menacent d'expulsion. Ils n'hésitent pas à se battre et à tuer. Leur cynisme désarmant donne la mesure de leur misère.
Un jour le miracle entre chez eux sous les traits d'un pasteur noir, de l'armée américaine : son nom est Smith. Il est frappé de stupeur par ce qu'il voit. Pour aider ses protégés, il prend tous les risques : il se bat, il vole, il signe des faux laisser-passer. Il veut emmener tout le groupe en Suisse et l'enlever à cet enfer. Mais peut-il réussir?
Ce roman publié en 1947, et introuvable depuis, reste le plus beau témoignage sur l'enfance victime de la guerre. Roger Martin du Gard écrivait à l'auteur : «Ma rencontre avec vos Enfants de Vienne a été une inoubliable émotion pour moi. J'en ai parlé à tous mes amis, j'ai prêté le volume à tout mon entourage (tant et si bien que, un jour, il n'est pas revenu, et que j'ai dû en racheter un exemplaire !). C'est vous dire à quel point vous ne m'êtes pas indifférent! Peu de livres m'ont aussi profondément secoué que ces terribles Enfants de Vienne; il me suffit d'y repenser pour éprouver de nouveau cette douce, écœurante et presque intolérable angoisse où me plongeait cette lecture et que j'ai retrouvée chaque fois que j'ai rouvert le volume. Comme un sortilège.»