«J'ai écrit la plupart des cent dix poèmes d'À la lisière du temps entre le printemps 1982 et le début de 1984, à une époque où j'avais maille à partir avec le temps. J'étais en attente d'un visa, à la frontière entre temps et non-temps. Quand mon permis de séjour fut enfin prolongé, je me trouvai en proie à des anomalies de l'équilibre, vertiges, évanouissements, malaises sans gravité, mais assez désagréables. Entre les syncopes, la rêverie éveillée, les rêves et les anesthésies, j'ai été ainsi pendant assez longtemps en proie à des intermittences de la durée, à de sournois vacillements du temps. L'amour et la poésie m'ont aidé à prendre le dessus sur le trouble qui m'envahissait. J'ai écrit ce "journal en poèmes" pour tenter de régler mon souffle. Sans jamais être sûr d'être exaucé, j'ai demandé à la tendresse avant tout, au chant malgré tout, parfois à l'humour après tout, d'essayer de charmer ce qui n'est pas toujours charmant.»
Claude Roy.