Un jeune homme raconte deux de ses amours. Annie d'abord, une jeune fille très douce, qui serait presque insignifiante, qu'il désire conquérir sans trop l'aimer à qui même il ne semble penser qu'avec ennui. Annie cependant s'attache à lui, se donne, s'épanouit dans sa passion jusqu'à ce qu'elle découvre l'indifférence et la lâcheté de son amant. Elle rompt alors et retourne dans le vide glacé de sa pureté. Joyce ensuite, un an après. C'est le contraire qui arrive. Il aime la très belle Joyce, qui se donne à lui, mais qui garde à son égard l'indifférence qu'il avait eue pour Annie. Il l'aime passionnément, désespérément, mais la jeune fille joue avec lui. Tour à
tour indifférente et sensuelle, elle dissimule à son amant ses fiançailles, puis son mariage, tout en continuant à lui appartenir. Ce livre qui, comme par une ironique nostalgie de l'enfance, emprunte son titre à la Comtesse de Ségur, décrit la confusion des amours de jeunesse où les sentiments les plus contradictoires affleurent à la conscience en autant de déchirements. La sensualité est en lutte avec la sensibilité. Aussi l'effort de lucidité à quoi tend le récit se développe-t-il en ligne brisée : fugue ou variations sur un thème.