Ce volume, Chroniques III et quelques autres proses, fait suite aux précédents recueils Chroniques l (1934-1953) et Chroniques II (1954-1964), où les lecteurs de Guermantes ont retrouvé des textes qu'ils avaient hautement appréciés lors de leur publication chaque lundi dans un grand quotidien. Il est peu de chroniques qui résistent à cette double publication : le journalisme et le livre. Avec François Mauriac, pour son Bloc-notes, et dans un tout autre ordre d'interprétation de l'actualité ou d'expériences personnelles, Gérard Bauër a montré que le journalisme contemporain pouvait fournir à la prose des pages remarquables.

Philippe Hériat a défini cet art dans une étude sur son confrère à l'Académie Goncourt : «Chacun sait que Gérard Bauër c'est Guermantes et que Guermantes c'est le premier chroniqueur de ce temps. Depuis cinquante ans passés, Gérard Bauër aura distribué sa manne, tantôt quotidienne et tantôt hebdomadaire, sans préjudice d'une œuvre importante de critique, de préfacier, de conférencier...
Carrière unique dans les Lettres du XX^e siècle, pour cette constance de production dans un genre difficile et aussi pour
l'audience que l'écrivain peut y gagner. Mais cette audience qui réunit les lecteurs anonymes, sensibles à une évocation ou à un conseil et les personnages importants de l'État qui ne négligent pas les avertissements de Guermantes, ce succès s'explique. C'est que le mérite du chroniqueur ne fut pas seulement de fixer au passage, ce qui, sans le trait de sa plume, eut été perdu ; c'est que l'exercice de sa tâche de témoin repose sur les bases d'une culture étendue et sur les préoccupations d'un moraliste.»
Ce nouveau recueil, qui comprend quelques essais et le texte de quelques interventions de plein air, retrouvera par l'excellence du style, le choix des traits, le respect de la vérité, les mêmes sympathies et fidélités que ceux qui l'ont précédé.