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Collection Les Cahiers de la NRF

« Les Cahiers de la NRF », qui fêtent en 2017 leur 25e anniversaire, rassemblent des documents d'histoire littéraire du XXe siècle, textes auxiliaires aux grandes œuvres littéraires et critiques du fonds Gallimard. Ils s'inscrivent dans une tradition éditoriale française : celle de la publication de cahiers consacrés à un écrivain défunt et dus à une société d'«amis» réunie pour entretenir et célébrer sa mémoire. Plus ambitieux et consistants qu'un simple bulletin de liaison, mais suivant une périodicité plus aléatoire, ces cahiers éponymes consacrent leurs livraisons à la publication de textes dus à l'auteur (journal et mémoires, entretiens, correspondance, réunion d'articles dispersés et plus rarement écrits inédits) ou ressortissant à son œuvre (études contemporaines, actes de colloque, hommages ou témoignages).

Création : mai 1992
Nombre de titres parus : 163
Nombre d'auteurs édités : 96 (hors collectif)
Ventes depuis parution : 161 800 ex.
Meilleure vente : Paul Morand, Journal inutile, I et II (2001)

Le premier titre :
René Daumal, Correspondance, I, 1915-1928 (mai 1992)

Toutes les parutions

« L'histoire littéraire jouit en France d'un drôle de statut. Si elle bénéficie rarement d'un rayon propre dans les librairies, elle drape souvent les tables des nouveautés [et] attire un public croissant que l'on résiste néanmoins à qualifier de grand : érudits, spécialistes, chercheurs, amateurs plutôt, animés par une discrète mais solide passion française. […] C'est assurément l'un des grands mérites des "Cahiers de la NRF" de nous en donner, par étapes, un tableau indispensable pour comprendre la source d'une œuvre, son cadre, sa réception, afin de pouvoir conjuguer le passé au présent. » (Laure Murat, dans Livres Hebdo, n ° 575, 2004.) 

D'hier à aujourd'hui

Les Éditions de la Nouvelle Revue française ont accueilli dès 1927 une première série de cahiers, consacrés à l'œuvre de Marcel Proust, décédé six ans plus tôt. Il s'agissait alors de prolonger en volume les numéros d'hommage que consacrait alors épisodiquement La NRF à certaines grandes figures disparues. Sept cahiers Proust parurent de 1927 à 1935. D'autres séries virent le jour après-guerre, à mesure que disparaissaient les grands auteurs «historiques» du fonds Gallimard : Paul Claudel, Jean Cocteau, André Gide, Albert Camus, Jean Giono…
La multiplication de ces cahiers, si favorable à la connaissance des œuvres, et le souhait bien légitime d'en faire bénéficier un plus grand nombre d'auteurs firent que l'on se posât la question de leur réunion sous une même bannière, en une collection unique. La NRF était bien le point de rassemblement de la plupart d'entre eux, qu'il s'agisse de grands classiques du XXe siècle (Aragon, Montherlant, Céline, Saint-John Perse, Yourcenar, Queneau, Bataille, Blanchot…) ou de critiques, d'essayistes et d'éditeurs qui prirent part à son histoire (Groethuysen, Suarès, Thibaudet, Jaccottet et bien sûr Jean Paulhan). Ce souhait d'unification, gage de plus grande notoriété et d'une présence affermie en librairie, fut donc à l'origine de la création de la collection en 1992 par Antoine Gallimard, avec le célinien Jean-Pierre Dauphin, alors également en charge des archives de la maison d'édition. On confirmait ainsi que l'histoire littéraire était, comme la critique, l'un des domaines privilégiés par l'éditeur. Fonds oblige, bien sûr.

La collection alterne inédits et rééditions, lesquelles peuvent être des reprises d'anciens cahiers (les quatre tomes des Cahiers de la Petite Dame) ou des œuvres parues en « Blanche » (Remarques de Suarès, Mémoires improvisés de Claudel) ou dans «Les Essais» (Mythes et portraits de Groethuysen). Sauf exception, les volumes sont confiés à des éditeurs scientifiques, que l'on retrouve parfois à la Pléiade, qui établissent les textes : transcription, annotation, mise au point des annexes et introduction. Mais le parti pris de grande lisibilité et d'accessibilité des textes originaux suggère une pratique de l'édition scientifique sérieuse et efficace, mais mesurée dans son ampleur. La collection, pour savante qu'elle peut être (qu'on se réfère aux travaux de Lionel Follet pour sa nouvelle édition de La Défense de l'infini d'Aragon), ne publie pas de travaux de stricte érudition. Car la périphérie des œuvres classiques peut être aussi l'affaire du plus grand nombre.

À collection unique, couverture harmonisée : la première maquette des «Cahiers», traitée en bichromie (noir et une couleur), se caractérisait par une typographie monumentale sur une justification resserrée pour les mentions d'auteur et de titre, coiffée d'un cartouche de teinte variable pour la mention de collection. Le papier choisi pour l'impression de la couverture était d'un gris chiné. La maquette de couverture est revue en 2013 : si le principe de la typographie monumentale est conservée pour le nom de l'auteur, celui-ci est désormais traité dans une couleur propre à chaque auteur ou série ; le tout imprimé sur fond crème avec, en surimpression, le logo NRF. Certains titres sont dotés d'une jaquette.

Brèves

  • À l'image des Cahiers Albert Camus, où fut publié Le Premier homme, certains cahiers d'auteurs ne sont pas intégrés aux « Cahiers de la NRF ».
  • Le poète suisse Philippe Jaccottet est le premier auteur vivant auquel la collection a ouvert son programme : en 1994 pour une réunion de ses chroniques (Écrits pour papier journal) puis en 2002 pour sa magnifique correspondance avec son compatriote et ami Gustave Roud.
  • Le fonds Gallimard est riche en textes relevant de l'histoire littéraire ; ainsi n'y dénombre-t-on pas moins de six cents correspondances (dont une cinquantaine en «Cahiers de la NRF»). Principales collections concernées : la « Blanche », « Du Monde entier » et, plus marginalement, « Le Promeneur » ou « Arcades ». Même constat pour les journaux littéraires.
  • Si les correspondances, les journaux et les réunions de textes dispersés dominent, les documents d'histoire littéraire peuvent prendre des formes inattendues : souvenons-nous des disques enregistrés par Saint-Exupéry en 1941 à l'attention de son ami Jean Renoir, pour un projet d'adaptation cinématographique de Terre des hommes, et retranscrits dans le cahier Cher Jean Renoir en 1999.
  • Mon Journal de Pierre Louÿs est une des rares excursions des «Cahiers» dans le tardif XIXe siècle. L'auteur d'Aphrodite n'eut que peu à faire avec la NRF ; mais son amitié de jeunesse avec Gide suffisait à faire entrer ce document d'exception, demeuré inédit, dans la collection.
  • Cinq enfants dans un parc, souvenirs de Simone de Saint-Exupéry, sœur de l'écrivain ; et Le Vin des morts de Romain Gary sont les deux seuls titres de la collection repris à ce jour en « Folio ».
  • Une première en 2005 : un volume de la collection est accompagné de deux CD audio encartés : Une Visite à Brangues de Paul Claudel, conversation avec Pierre Schaeffer et Jacques Madaule, février 1944.
  • Certains cahiers font encore aujourd'hui l'objet d'un tirage de tête sur vélin.

Des Cahiers à la NRF avant les « Cahiers de la NRF »  

« Cahiers Albert Camus » : 8 cahiers (1971-2002). Le cahier 3 comporte 2 tomes — «Cahiers Céline» : 8 cahiers (1976-1988). Les cahiers 1, 2, 3, 5, 6 et 7 ont été repris dans «Les Cahiers de la NRF» — « Cahiers Paul Claudel » : 13 cahiers (1959-1990). Édités avec le concours de la Société Paul Claudel. Les cahiers 1 et 3 ont été repris dans « Les Cahiers de la NRF ». Depuis 1995 (n° 14), les « Cahiers Paul Claudel » sont une série des « Cahiers de la NRF » — « Cahiers Jean Cocteau » : 11 cahiers (1969-1989). Édités avec le concours de la Société des amis de Jean Cocteau. Depuis 1993 (n° 12), les « Cahiers Jean Cocteau » deviennent une série des « Cahiers de la NRF » — « Cahiers André Gide » : 14 cahiers (1969-1989). Édités avec le concours de l'Association des amis d'André Gide. Les cahiers 4, 5 et 7 ont été repris dans « Les Cahiers de la NRF » ; à partir de 1992 (n° 15 à 19), les « Cahiers André Gide » sont une série des « Cahiers de la NRF » — « Cahiers Giono » : 4 cahiers (1981-1986). Le cahier 4 a été repris dans « Les Cahiers de la NRF ». Depuis 1998 (n° 5 et 6), les « Cahiers Jean Giono » sont une série des « Cahiers de la NRF » — « Cahiers Roger Martin du Gard » : 2 cahiers (1989-1991). Édités avec le concours du Centre national de recherches sur Roger Martin du Gard. Depuis 1992 (n° 3 à 7), les « Cahiers Roger Martin du Gard » sont une série des « Les Cahiers de la NRF ».

« Cahiers Jean Paulhan » : 7 cahiers (1980-1991), y compris le n° 3 bis. Édités avec le concours de la Société des lecteurs de Jean Paulhan. Depuis 1993 (n° 7 à 11), les « Cahiers Jean Paulhan » deviennent une série des « Cahiers de la NRF » — « Cahiers Marcel Proust » : 7 cahiers (1927-1935) — « Cahiers Marcel Proust », nouvelle série : 14 cahiers (1970-1987) ; ces cahiers recueillent les six tomes des Études proustiennes (n° 6, 7, 9, 11, 12, 14) — « Cahiers Saint-Exupéry » : 3 cahiers (1980-1989). Édités avec le concours de l'Association des amis d'Antoine de Saint-Exupéry (en sommeil). Depuis 1999 (n° 4 et 5), les « Cahiers Saint-Exupéry » sont une série des « Cahiers de la NRF » — « Cahiers Saint-John Perse » : 10 cahiers (1978-1991). Les cahiers 8 et 9 forment un seul volume. Édités avec le concours de l'Association des amis de la fondation Saint-John Perse. Depuis 1993 (n° 11 à 16), les « Cahiers Saint-John Perse » sont une série des « Cahiers de la NRF » — « Cahiers Paul Valéry » : 4 cahiers (1975-1986).

Ils ont leurs « Cahiers de la NRF »  

Aragon — Marc et Élie Allégret — Marcel Arland — Jacques Audiberti — Georges Bataille — Yvon Belaval — René Bertelé — Maurice Blanchot — Alain Bosquet — André Breton — Roger Caillois — Albert Camus — Louis-Ferdinand Céline — Charles-Albert Cingria — Paul Claudel — Jean Cocteau — Jacques Copeau — Benjamin Crémieux — René Daumal — Robert Desnos — Jean Dubuffet — Guy Dumur — Marguerite Duras — Romain Gary —  André Gide — Jean Giono — Guy Goffette — Bernard Groethuysen — Jean Guéhenno — Philippe Jaccottet — Max Jacob — André Lebey — Jacques Lemarchand — André Lhote — Pierre Louÿs

André Malraux — Jacques et Raïssa Maritain — Roger Martin du Gard — Henry de Montherlant — Paul Morand — Brice Parain — Jean Paulhan — Francis Ponge — Marcel Proust — Jacques Prévert — Raymond Queneau — Jacques Rivière — Romain Rolland — Gustave Roud — Maurice Sachs — Antoine de Saint-Exupéry — Monique Saint-Hélier — Saint-John Perse — Jacques Schiffrin — Jean Schlumberger — Philippe Soupault — André Suarès — Jean Tardieu — Albert Thibaudet — Henri Thomas — Elsa Triolet — Paul Valéry — Maria Van Rysselberghe — Louise de Vilmorin — Marguerite Yourcenar…

Prix et distinctions  

Prix Sévigné : décerné en 1998 à Daniel Durosay pour son édition de L'Enfance de l'art. Correspondances avec Élie Allégret (1886-1896) d'André Gide ; décerné en 2004 à Michel Bressolette et René Mougel pour l'édition de la Correspondance (1925-1939) entre Jacques Maritain, Raïssa Maritain et Maurice Sachs ; décerné en 2009 à Peter Fawcett pour l'édition de la Correspondance (1890-1942) entre André Gide et Paul Valéry.

Prix du meilleur livre sur le théâtre : décerné en 2002 à Colette Dumur pour L'Expression théâtrale de Guy Dumur
Prix Émile Faguet, médaille d’argent : décerné en 2009 à Michel Wasserman pour Paul Claudel et le Japon
Prix littéraire de l'Asie : décerné en 2009 à Michel Wasserman pour Paul Claudel et le Japon

Informations commerciales

Format : 140 x 205 mm.
Nombre de titres disponibles : 162
Nombre de nouveautés dans l’année : 4
Ventes nettes annuelles : 6120 ex.
Prix de vente moyen : 25,65 €
Les 5 meilleures ventes du fonds :
Paul Morand. Journal inutile, I (2001)
Paul Morand. Journal inutile, II (2001)
Romain Gary. Le Vin des morts (2014)
Simone de Saint-Exupéry. Cinq enfants dans un parc (2000)
André Malraux. La Reine de Saba (1993)

Les données concernant les ventes, les prix publics (TTC) et les réimpressions sont représentatives des quatre dernières années.
Mise à jour : mai 2017

© Éditions Gallimard