L'auteur étudie l'utopie comme genre purement littéraire. Après avoir pris bien soin de distinguer l'utopie des genres voisins, le voyage imaginaire, le socialisme utopique ou la science-fiction, il analyse historiquement ces mondes fictifs et marginaux, constructions cohérentes menées à partir de la réalité mais qui sont avant tout des aspirations, des tentations ou des nostalgies.
Voici d'abord l'Eden, l'Âge d'or, les Îles Fortunées, l'Atlantide. Voici les utopies de la Renaissance, nées de la découverte de peuples non rédimés par le Sauveur, donc soumis à la morale naturelle ; puis l'influence du nationalisme : la Salante de Fénelon et l'Eldorado de Voltaire. L'utopie était un pays d'abondance ; avec Th. More et surtout Bacon, elle devient une terre d'exploitation et de recherche scientifique. L'époque prérévolutionnaire voit naître les anticipations avec L'An 2440 de Louis-Sébastien Mercier. Les utopies politiques leur succèdent jusqu'à la naissance, avec Huxley, des utopies pessimistes que l'auteur mène jusqu'à Orwell et Zamiatine.