Enfin un livre gai! D'une gaîté si spontanée que l'on lit d'un trait, le visage souriant, Ies étonnantes et véridiques aventures d'Horace et d'Angélique... Ce sont des pages historiques sans rigueur, sentimentales sans fadeur... Uhe gaîté de bon aloi et qui repose de tant d'indigestes volumes.
«Manu Jacob, écrivait naguère Maurice Bedel dans sa délicieuse préface de La vie privée d'Hélène de Troie, écrit l'histoire sans tambour ni trompette...» À la vérité, il y a bien aujourd'hui quelques fanfares ; mais elles rendent, pour tout auditeur même non averti, un son nettement humoristique. Manu Jacob qui, jadis s'était trouvé «par un ton prodigieux de la fortune, nez à nez... avec Hélène, Ménélas, Pâris, emplissant l'écran des mouvements de leur cœur» a rencontré, avec un semblable bonheur, Horace et Angélique.
Comment Horace Lechevallier, ancien élève de l'École Normale Supérieure, devenu indésirable à Moulins, est nommé précepteur de la princesse Angélique d'Appulie, et comment lui-même, après une série d'hésitations et de révolutions, devient roi, c'est ce que révèle la première partie du roman de Manu Jacob.
En visite officielle à Paris, invité par le gouvernement français, le nouveau et
jeune roi, participe aux conseils du gouvernement, inaugure des monuments, rencontre la Princesse exilée... jusqu'au jour où, à Niort, pays de l'angélique, l'extraordinaire aventure prendra fin de la manière la plus vraisemblable du monde.
Un sens avisé de l'observation, une critique souriante de certains milieux littéraires, pollliques, journalistiques, voici des traits que l'on trouvera dans cet attachant roman.
Il sera aisé à ceux qui suivront les péripéties de l'odyssée d'Horace Lechevalier, normalien évadé de moroses sous-préfectures vers une destinée pleine de gloire et de fantaisie, de retrouver peut-être certains personnages consulaires et autres. On lira avec joie cette œuvre dont l'intêrêt ne faiblit pas un seul instant jusqu'au dénouement, plaisant et doux comme un port d'escale après un voyage mouvementé.