Joyeux animaux de la misère
II
Par la main dans les Enfers
Collection Hors série Littérature
Gallimard
Parution
«Une mégalopole à la jonction de trois continents, d’océans, de cordillères ; mégapoles, bras de mer, fleuves, massifs, pics, glaciers, terres riveraines sous montée des eaux ; enchevêtrements de voies au sol et suspendues ; tours de verre, temples, ports, théâtres sur l'eau, habitats de pilotis, décharges-montagnes ; rats, chiens, rapaces diurnes et nocturnes, singes, serpents, fauves.
Guerres, asservissements, peu de zones libres, très peu d’humanité paisible.
En bordure d’un district de l’une des cités-mégapoles qui constituent la mégalopole, et devant une zone de chantiers portuaires, dans un ancien bar avec habitation à l’étage, un bordel. Un maître, fils de l’ancien tenancier, y possède trois putains : une petite femelle, muette, étendue à l’étage, deux mâles – celui, sans nom, qu’il a hérité de son père et l’un des très nombreux "petits" de ce mâle, épars dans les mégapoles : nommé, lui, Rosario.
Ni "clients" ni "prostitué(e)s", figures et termes d’une sociologie et d’un érotisme désuets ; mais "ouvriers", "tâcherons" – presque tous bons époux et bons pères – et "putains" ou "mâles" et "femelles" ; humains et non-humains.
La première partie de Joyeux animaux de la misère s’achevait provisoirement sur la copulation de Rosario avec sa génitrice en activité dans un bordel d’un lointain massif minier : une progéniture en est attendue.
Cette deuxième partie, Par la main dans les Enfers, met en scène, en voix, entre autres, la castration, dans une rixe, du géniteur de Rosario puis le transport "sanitaire" du castrateur, pauvre ouvrier tueur de rats la nuit, aveuglé par ses rats en rage, vers des "urgences" d’accès difficile, à travers stupre, massacre et beauté.»
Pierre Guyotat.
Guerres, asservissements, peu de zones libres, très peu d’humanité paisible.
En bordure d’un district de l’une des cités-mégapoles qui constituent la mégalopole, et devant une zone de chantiers portuaires, dans un ancien bar avec habitation à l’étage, un bordel. Un maître, fils de l’ancien tenancier, y possède trois putains : une petite femelle, muette, étendue à l’étage, deux mâles – celui, sans nom, qu’il a hérité de son père et l’un des très nombreux "petits" de ce mâle, épars dans les mégapoles : nommé, lui, Rosario.
Ni "clients" ni "prostitué(e)s", figures et termes d’une sociologie et d’un érotisme désuets ; mais "ouvriers", "tâcherons" – presque tous bons époux et bons pères – et "putains" ou "mâles" et "femelles" ; humains et non-humains.
La première partie de Joyeux animaux de la misère s’achevait provisoirement sur la copulation de Rosario avec sa génitrice en activité dans un bordel d’un lointain massif minier : une progéniture en est attendue.
Cette deuxième partie, Par la main dans les Enfers, met en scène, en voix, entre autres, la castration, dans une rixe, du géniteur de Rosario puis le transport "sanitaire" du castrateur, pauvre ouvrier tueur de rats la nuit, aveuglé par ses rats en rage, vers des "urgences" d’accès difficile, à travers stupre, massacre et beauté.»
Pierre Guyotat.