Oscar Lewis, l'auteur des Enfants de Sanchez a voulu cette fois dépeindre la paysannerie mexicaine. Pedro Martinez, le héros du livre, est un vieillard de plus de soixante-dix ans. Son autobiographie s'étend sur un demi-siècle d' histoire du Mexique. Né à Azteca en 1889, village où les coutumes n'ont guère changé depuis la conquête espagnole, il se marie en 1910 et a douze enfants. En 1914 Pedro s'engage dans l'armée révolutionnaire de Zapata. À l'immense espoir que la Révolution avait soulevé succède rapidement une brutale désillusion chez les paysans conscients d'avoir été lrompés.
Pedro Martinez joue un rôle actif dans la vie politique de son
village pendant plusieurs années : il est présidenl du bureau de vote, participe à la lutte pour la protection des forêts, devient conseiller
municipal. En 1930 il se convertit à l'adventisme, et ne reviendra vers l'action politique que lorsque sa nouvelle religion l'aura déçu.
À travers le récit de Pedro, de sa femme et de son fils aîné, apparaissent la mentalité mexicaine et ses contradictions : les mœurs archaïques, l'autorité patriarcale, les croyances magiques sont étroilement mêlées aux exigences de justice sociale et à l'espoir d'un avenir meilleur qui anime tous les «damnés» de la terre.
L'imagination des personnages atteint souvenl la dimension romanesque, et le talent d'Oscar Lewis fait de ce reportage scientifique une œuvre d'une haute tenue littéraire qui se lit comme un roman.