René Leynaud, arrêté à Lyon par des miliciens alors qu'il était porteur de documents clandestins, a été tué par les Allemands le 13 juin 1944. Il avait trente-quatre ans. Cet Ardéchois se livrait peu. Dans son émouvante préface, Albert Camus révèle qu'il avait une prédilection
pour les poètes lyonnais du XVI^e siècle. On le sent dans ses poèmes, en particulier dans ses sonnets et ses poèmes chinois, où l'ordonnance très stricte et très savante des mots dissimule une vive sensibilité et une vie intérieure intense. Le poète ne considérait ses poèmes que comme des essais, des brouillons, mais ils nous paraissent, dans leur sévère discipline, singulièrement achevés.