C'est au cours d'une grande réception bourgeoise, chez les Boucheret, à l'occasion du mariage de Clotilde Boucheret, que nous trouvons réunis les principaux personnages de ce roman, vaste fresque de la guerre et de la paix. Nous sommes pendant la «drôle de guerre». Les parents supportent le présent et envisagent l'avenir selon leur expérience du passé ; les jeunes : André, Pierre, Louis, Catherine, Clotilde, sentent que tout est remis en question, qu'un monde nouveau va s'ouvrir, et que la guerre, qui n'a pas encore commencé, les délivrera des «maîtres». André et Pierre repartent au front. Louis, qui est réformé, retourne à ses études.
L'invasion allemande déferle. C'est la retraite, l'exode, et chacun, ballotté en tous sens dans la France occupée, est confronté avec son propre destin. Nous assistons, après les scènes de bataille et d'exode, aux compromissions des uns, au sacrifice des autres. La «collaboration» tente les prudents, la résistance et le maquis séduisent les âmes pures. L'amour, singulièrement malhabile, cherche à fixer vainement des couples qui se séparent.
Pierre Kaufmann a su ici peindre le tableau des trois tragiques années 1939-1942 avec toutes leurs ombres et toutes leurs lumières, et cette ferveur que les fascinations de l'histoire disputent à la paix des foyers et de la terre.