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Histoire du pied et autres fantaisies de J.M.G. Le Clézio. Entretien

Rencontre avec J.M.G. Le Clézio à l'occasion de la parution de Histoire du pied et autres fantaisies en octobre 2011.

Votre prochain livre, Histoire du pied et autres fantaisies, est un recueil de dix nouvelles. Vous avez déjà utilisé ce genre littéraire, que recherchez-vous dans la construction si particulière qu'impose l'écriture d'une nouvelle ?

J.M.G. Le Clézio — Ces neufs nouvelles ainsi qu'un apologue ont été écrits durant ces trois dernières années dans un esprit d'indépendance et d'aventure, pour dire des choses simples : le temps qui passe, la peur de l'enfermement, la guerre, l'obsession de la liberté et la difficulté de l'amour, l'étude magique du bonheur. J'aime bien le temps de la nouvelle, sa respiration, son rythme jour et nuit, son interrogation suspendue…

Les personnages féminins ont une place très importante dans ce recueil, souvent le personnage principal, elles sont victimes de la violence du monde, mais elles y font face avec courage. Pour quelles raisons avez-vous choisi de mettre au centre de ce recueil les femmes ?

J.M.G. Le Clézio — Des femmes oui, de très jeunes filles, car ce sont elles qui sont concernées par la révolte, qui doivent faire face à un monde où règnent l'ambition, l'asservissement et l'orgueil des hommes. Elles affirment la vie, parfois jusqu'à la mort, comme la poétesse Letitia Elisabeth Landon.

Les histoires que vous racontez ici se passent à des époques différentes et sur plusieurs continents. Est-ce une manière de dire ce qui est constant, ce qui unit l'humain dans l'universel ?

J.M.G. Le Clézio — Ces histoires ont été écrites un peu partout, en Asie, en France, au Nouveau-Mexique, à Maurice, mais elles ne parlent pas vraiment de lieux, plutôt de passages, de moments, de voyages.

Dans la première nouvelle intitulée « Histoire du pied », vous avez voulu raconter l'histoire d'une femme – ce qu'elle ressent, ce qu'elle vit et éprouve – à travers les pieds. Votre écriture n'est jamais classique, il y a un plaisir de la langue, une recherche dans le langage. Ce livre est-il aussi une sorte de « laboratoire d'expérience littéraire » ?

J.M.G. Le Clézio — « Laboratoire », hum, c'est un mot sérieux. Plutôt une officine, ou même un coin de table dans une cuisine (je partage avec Michel Tournier le goût d'écrire dans les cuisines) – d'ailleurs l'écriture n'a-t-elle pas quelque chose de la jouissance d'accommoder les saveurs ?

© Éditions Gallimard