Ce livre est un document versé aux dossiers de l'Histoire, qui jugera. Tito vit, parle et s'explique dans ces pages. Et la Yougoslavie nouvelle vit, parle et s'explique avec lui.
Fils de paysan, apprenti serrurier, ouvrier métallo, pilote d'essai de voitures chez Daimler, Tito sort du peuple, a souffert avec lui, lutté pour lui sans ménager ses forces et sa vie. Il a connu la prison, il peut montrer les cicatrices dont son corps est couvert. C'est par la chair et le sang autant que par l'âme qu'il s'est identifié au peuple yougoslave.
Dès lors, le conflit avec Staline s'éclaire d'une lumière nouvelle : face à la volonté de puissance stalinienne, ce n'est pas un individu qui s'est rebellé, c'est, en quelque sorte, la nature d'un peuple, l'esprit d'indépendance yougoslave, incarné en Tito. Ce conflit forme le nœud du livre.
L'auteur, Vladimir Dedijer, compagnon de lutte et ami de Tito (il fut à ses côtés pendant la guerre, aux heures les plus tragiques), a su varier les témoignages : documents officiels, lettres, télégrammes secrets, notes extraites de carnets d'hommes d'État ou de diplomates yougoslaves, viennent appuyer la parole et les récits de Tito. Parmi ces notes, il en est d'un intérêt exceptionnel : celles où l'on voit vivre, sous la forme de brefs dialogues, certains entretiens diplomatiques avec Staline, certaines soirées dans l'intimité de sa villa de Moscou. Ne serait-ce que pour ces quelques pages, d'une vérité saisissante, le livre vaut la peine d'être lu.