La Bible nous est refuge et commencement. Contre la logique de l'enfermement et de l'hybris, elle nous dit l'attente messianique, le prix des peines et le pardon accordé.
Et pourtant, à lire ces récits glorieux qui devaient nous conforter, une tristesse nous prend, une surprise consternée, devant ces vies précaires, aux vocations avortées, certaines silhouettes ombrageuses ou meurtries. D'Abel à Benjamin, de Rachel à Saül et à la reine Esther, autant de consciences malheureuses, partiellement vouées au mutisme, au retrait, à l'oubli ; autant de figures éphémères, brièvement jetées à l'éclat du vivant. Sans qu'aucune faute soit attestée, sans qu'aucune raison apparaisse, de ces destins silencieux.
À l'horizon du salut, l'Écriture laisse entrevoir une faille dans la plénitude d'être qu'elle prétend fonder. L'auteur se tourne alors vers la tradition juive, qui fait de la Bible le livre du bonheur, pour chercher un Orient à l'égarement de ces vies, pour redonner un sens à ce qui se brise ainsi dans l'effort d'exister, - et que le texte nous raconte, sans nous offrir de clés.