Reynolds Price préfère à l'engagement l'étude du cœur humain en lutte avec soi-même ou avec les autres. Cela seul suffirait à le rattacher à l'idéal faulknérien, mais il partage aussi avec son illustre devancier l'amour de la terre qui l'a vu naître et où s'est formé un talent qu'on devinait déjà dans son premier roman, mais dont la richesse était moins apparente que dans les six nouvelles dont se compose Les noms et visages de héros.
Sa palette offre une si grande variété qu'il parvient à donner une fraîcheur nouvelle à des peintures
qu'on aurait pu croire désuètes (L'Anniversaire). Les sujets en apparence les plus minces lui suffisent pour nous émouvoir : une visite à une vieille négresse aveugle (Princesse guerrière Ozimba), l'amour, la souffrance, la peur dans des âmes d'enfants (Michael Egerton et Sommeil troublé). Il arrive même à exprimer ce qu'on aurait pu croire inexprimable (Les noms et visages de héros). La Caroline du Nord avec sa campagne, ses éclairages et ses coutumes donne leur unité à ces six nouvelles aux racines profondes.