Liée depuis plusieurs années avec Jacques Lestier, Renée Dornier n'a jamais vécu avec lui ni dans la même ville. Ils se rejoignaient, et faisaient ensemble des voyages. Sûre de Jacques, heureuse, Renée a toujours différé le moment du mariage. Mais voici que Jacques l'appelle à Beauchamp, où il s'est installé comme avocat, et il la presse d'unir leurs vies. Renée découvre alors que Jacques a une amitié amoureuse, peut-être même de l'amour, pour Alice, dont le mari est prisonnier. Jacques renoncera difficilement à la domination qu'il exerce sur cette jeune femme. Cependant, il épousera Renée.
Trois ans plus tard, comme Renée vivait dans une entière confiance, découverte d'une nouvelle trahison. Mais la maîtresse de Jacques, Thérèse, ingénieur-chimiste, n'a pas la loyauté d'Alice ; et cette fois Jacques éprouve un attachement sensuel puissant. La jalousie de Renée revêt alors un caractère nouveau ; elle devient obsession, atteint
l'état de crise. Faut-il croire qu'il n'y a qu'une trahison, la trahison physique? Renée luttera pour obtenir, jour après jour, la vérité ; aussi pour
vaincre son chagrin, et triompher de Thérèse.
Il y a dans ce roman – qui emprunte son titre à une phrase de Proust – un accent, une authenticité, une rigueur dans l'analyse, qui ne peuvent laisser indifférent. C'est tout le drame du couple qui est évoqué ici, avec «cette sobriété, cette netteté, cette fermeté viriles» que Henry de Montherlant avait décelées déjà dans le premier livre de Luce Amy : Anna, premier visage, qu'il a préfacé.