Dire que Le Bain, est une version moderne de la parabole de l'enfant prodigue, c'est dire qu'il est une parodie de cette parabole. Ce retour au Père de l'enfant vieilli, loin de le ramener – de nous ramener à la paix de nulle certitude, le conduira au comble du trouble, dans cette louche maison de cure qu'est devenue la maison du Père. La femme y règne sans partage ; elle seule y administre tous les soins. Mais ne faudrait-il pas parler du rôle initiatique qui lui est aussi réservé? Bains chauds, douches, massages, bains de boue, les pensionnaires, et le fils avec eux, doivent en effet les subir des mains des femmes auxquelles ils sont livrés, le Père ne dirigeant que de très loin l'entreprise.
Pour comble, le fils prodigue n'est pas le vrai fils mais un simulateur, d'ailleurs très doué. Imposteur à
son tour parfaitement trompé, il connaîtra, non pas la quiétude qu'il avait cru pouvoir dérober, mais bien l'équivoque et l'angoisse, et l'impossibilité d'en finir avec elles.
On retrouve ici, tout le talent, toute l'inventivité de l'auteur de La Tête. Rêve et réalité – drame psychologique et mystère policier – scènes cocasses ou épisodes hallucinants se mêlent, et c'est le lecteur qui devra, à travers le chassé-croisé des personnages, chercher sa solution parmi les solutions interchangeables de l'auteur.