Jean Anglade, qui s'est fait une spécialité des problèmes sociaux, nous fait vivre en 1948, dans L'immeuble Taub, le seul bâtiment resté debout au milieu des ruines d'une ville allemande rhénane. Cet immeuble est rempli d'une humanité grouillante, luttant âprement pour les besoins primaires de la vie. Parmi cent combats, le plus étrange : celui du professeur Graunke qui, s'étant débarrassé machiavéliquement d'une sœur encombrante, brûlé par son secret, joue avec ce feu, et va presque jusqu'à se dénoncer lui-même à la police ; – le plus désespéré : il conduira à la folie Taub, le propriétaire, qui vit dans une cave et ne réussit pas à récupérer une seule pièce de cet immeuble qui lui appartient ; – le plus émouvant : celui de l'orphelin Fred Ilig, dont le frère aîné se prostitue dans un cabaret d'invertis et qui rêve de déterrer un banquier enseveli pour Ie dépouiller de ses bagues.
En décrivant cet univers ravagé, l'auteur n'a pas commis la niaiserie d'écrire une facile œuvre de vengeance, mais une «œuvre de pitié».