Marqué au front d'une blessure qui le rend amnésique, donc à la fois ignorant et sagace, Yo s'éveille au monde, se met en marche et descend vers la mer à travers plateaux et prairies, forêts et marais, endurant la nuit, la rigueur des saisons, la peur et la fatigue. Et non seulement il contemple, mais il affronte les bêtes, comme elles il tue pour se nourrir, il découvre la femme à peine sortie des ondes. Il ressent et il pense. La nature lui pose des énigmes et lui donne des leçons, lui laisse entrevoir l'essentiel de son message. Le périple de ce voyageur sur la terre n'est pas seulement encyclopédique, mais moral et métaphysique, descriptif et allégorique. Cest une sereine méditation à laquelle l'expression somptueuse ajoute sans cesse son rythme, ses frémissements, ses images, son exotisme, l'inattendu des épisodes.
Rarement projet si essentiel, si simple en son plan et en ses objectifs a rendu un son si plein, si riche de correspondances et de significations diverses. Voici la maîtrise du «Journal d'un être humain» affirmée et surpassée.