Une ville à moitié détruite par la guerre mais follement avide de vivre ; un jeune homme triste et perdu qui y fait son éducation sentimentale ; une famille qui reste digne jusque dans sa déchéance ; un théâtre qui montre surtout l'envers de ses décors ; un régime totalitaire qui ne craint pas le ridicule ; un groupe de doux fanatiques qui puisent l'espoir dans d'étranges pratiques – tels sont quelques-uns des éléments qui composent l'univers de ce roman dont l'humour et la poésie tempèrent l'amertume. L'averse sous le soleil, qui accompagne les premiers pas du héros, hante la sensibilité du lecteur tout au long du récit. Un récit polyphonique, écrit tantôt sur le mode mineur tantôt sur
le mode majeur, et qui intègre l'Histoire dans son déroulement : nous assistons à l'enfantement, dans la douleur, d'une démocratie populaire européenne.
La truculence de Victor Határ, dont Pépito et Pépita nous a déjà fourni d'étonnants échantillons, éclate à chaque page du livre, et ses trouvailles stylistiques nous révèlent un vrai virtuose du langage.