Un nommé Songe
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Le nommé Paul-Pierre Songe a une curieuse expérience de la métempsychose. Son âme se souvient d’avoir été celle du maréchal Bazaine.
Bazaine est évidemment beaucoup plus consistant que Paul-Pierre Songe, employé dans une fabrique de nouilles. Aussi l’envahit-il constamment en se substituant à lui. Cela mène Songe à tuer un homme en duel ; au cours d’une manifestation fasciste, il fait acclamer Bazaine qui garda son armée pour écraser la Commune.
Tel est le début d’une longue suite d’aventures, que Robert Soulat raconte avec beaucoup d’éclat, de mouvement et de poésie. La «période Bazaine» de la vie de Songe se termine par un amour touchant et tragique. Songe, à son terme, se trouvera débarrassé de l’âme encombrante du sinistre héros de Sedan.
Bazaine parti, c’est une autre âme, non moins historique, que Songe sent s’agiter en lui : celle de Paul de Gondi, cardinal de Retz. Celte personnalité inattendue fera de lui un conspirateur de haut vol et, pendant 24 heures, une sorte de maître occulte de la France. Arrêté, condamné à mort, puis gracié et envoyé dans un asile de fous, Paul-Pierre Songe n’a pas grand mal à s’évader. Mais ses réincarnations, alors, se multiplient : à travers lui, les personnages les plus divers «se souviennent» de leur vie ancienne. Une femme qu’il aime trouvera le moyen de l’emmener dans une obscurité propice à l’oubli.
Un nommé Songe est un roman picaresque, une épopée burlesque, où le sérieux et le bouffon se mêlent, où l’invention n’est jamais à court, où, enfin, les idées abondent. Paul-Pierre Songe, à la fois très fou et très sage, avec ses âmes «ondoyantes et diverses», sa difficulté d’être, se présente, de temps à autres, comme le Don Quichotte de notre époque.
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