Un jet de pierre
Throw
Trad. de l'anglais par Yves Malartic
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
Harold est un hornme sans âge, sans amour, sans succès, sans échec flagrant non plus, et sans métier défini. Un homme gris perdu dans la grisaille d’une existence inutile et banlieusarde. Il affleure chez lui par instants, cependant, des éclairs de lucidité qui font assumer qu› il a été autre chose, qu’il a connu une vie meilleure. En fait la vie véritable de Harold s’est arrêtée le jour où son fils de huit ans s’est fait écraser par une voiture dont le chauffeur a été dégagé de toute responsabilité.
À celui-ci Harold voue une haine qui tourne à l’obsession de vengeance. Le livre s’ouvre sur le premier acte de ce qu’il vient de considérer comme le ressort de sa vie, la persécution de l’assassin impuni : il jette une brique à travers les vitres de ce Greensmith. Le roman s’achève sur l’arrestation de Harold. La police, qui suivait le cas de Harold, s’était efforcée de lui faire entendre raison afin d’éviter une arrestation. Sa femme, sa maîtresse ont essayé de l’aider mais Harold est irrémédiablement embourbé, irrécupérable, fasciné par le gouffre de sa propre perte qu’il ne peut plus que précipiter lui-même. Les lettres anonymes, les briques, les menaces, les coups qu’il distribue ne sont plus en fait que les étapes de sa délivrance.
Car cet homme qui s’achève à petits coups se leurre sur ses véritables mobiles qui ne sont pas un acte commis par un certain Greensmith, mais sa médiocrité, son ennui, sa graisse, son âge qu’il vise justement sur sa victime qui, en fait, est son double.