Tu as de la chance
Collection L'Air du Temps
Gallimard
Parution
Ce récit de la tragédie vécue par un Français et sa jeune femme, inscrit sur une toile de fond d’une brûlante actualité : la guerre d’Indochine, est d’autant plus prenant qu’il est fait sans passion. La première fois qu’Agnès, jeune Vietnamienne catholique, vit celui qui devint son mari, il venait d’être fait prisonnier par les Viet Minh et enfermé dans une cage. Il était dévoré par le paludisme et les vers grouillaient dans la blessure du prisonnier que des marches, pieds nus, à travers plusieurs centaines de kilomètres dans la brousse avaient amené jusqu’aux limites de la résistance. Prise de compassion, Agnès promit à André Pagnon de revenir le voir et il s’accrocha désespérément à cette lueur d’espoir ; pourtant, Agnès ne revint pas car, déjà suspecte, son geste lui valut d’être à son tour enfermée dans une cage.
Le hasard, pourtant, réunit les deux jeunes gens qui finirent par se marier. Traqués impitoyablement, soumis à de cruelles épreuves, c’est plus l’instinct de la conservation que l’amour qui unit ces deux épaves.
Par suite d’une erreur, les Viet Minh tenaient André Pagnon pour un important officier des services de renseignement et, au lieu de l’exécuter, ils le persécutèrent sauvagement, espérant toujours obtenir une confession. Ils consentirent, de même, à son mariage avec Agnès dans l’espoir de voir l’un ou l’autre se trahir.
Ils vécurent comme des bêtes traquées ; cependant, contre toute vraisemblance, privés presque complètement de nourriture, rongés par la maladie, ils subsistèrent. Agnès mit au monde un petit garçon qui ne vécut qu’une heure. Leur condition était de plus en plus misérable. Un an plus tard, Agnès donna naissance à une petite fille. Grace à des trésors d’ingéniosité et aidés par ce qu’il faut, avec les auteurs, appeler la chance, ils parvinrent à préserver la vie de ce second enfant jusqu’aux événements de Dien Bien Phu et la Conférence de Genève.
Alors, se posa pour les Pagnon le plus atroce des problèmes : demeurer chez les Viet Minh ou être rapatriés mais sans l’enfant, le cas n’ayant pas été prévu par les accords.
Rarement récit plus poignant fut conté avec autant de simplicité. Ce document authentique présente tout l’attrait du roman le mieux imaginé.
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