Queneau

Gallimard
Parution
On a fait à Queneau, à son corps défendant, une réputation d'humoriste. Il décevra désormais s'il ne fait plus rire. Ainsi a-t-on trouvé queCent mille milliards de poèmes n'était pas un ouvrage amusant. C'est la dernière chose dont il pouvait être question. Le rire de Queneau n'est certes pas toujours gai, car toute son œuvre illustre et développe la maxime de Gabriel : «Il n'y a pas que la rigolade, il y a aussi l'art.» L'art, les rigolos et les pisse-froids ne le distinguent pas toujours, sans doute parce qu'on ne l'aperçoit qu'avec les zygomatiques au repos ni dilatés, ni contractés. Le présent volume s'efforce de montrer cette œuvre sous un aspect que ses admirateurs n'ont pas encore découvert. Il a l'ambition d'y réussir, parce que les textes les moins désinvoltes, les plus apparemment «sérieux» de Raymond Queneau ne sont jamais dépourvus d'un sourire qui force la sympathie. D'ailleurs, s'il n'y parvient pas, ce n'est pas très grave. Car, comme le dit Jacques Prévert : «Au début Queneau n'était pas pris au sérieux. Et ce qu'il y a de merveilleux, maintenant, c'est qu'il n'est pas pris au sérieux non plus. Et il le sait. Et il s'en trouve fort bien».