Quarante-huit

Gallimard
Parution
Pourquoi l'histoire glisse-t-elle, avec un dédain bonhomme et ironique, sur les «quarante-huitards», les «vieilles barbes de quarante-huit»? Ces gens ont-ils été si ridicules? Ou si dangereux? Si au contraire on les prend au sérieux, ou même au tragique, alors des réalités profondes s'éclairent. Profondes et étrangement actuelles. Car entre février et juin 48, des problèmes entièrement nouveaux ont été débattus, – qui sont toujours nos problèmes.
Les hommes de 48 ont beaucoup rêvé. C'est dans une ivresse de l'imagination, tout à coup débridée, qu'ils ont résolu de penser l'avenir. Époque étrangement riche que ce moment suprême du romantisme et qui a eu pour témoins des hommes aussi divers que Balzac, Proudhon, Karl Marx, Heine, George Sand, Quinet, Hugo, Rehan, Jean Reynaud, Lamartine, Michelet, les fouriéristes, les saint simoniens, des utopistes de toute sorte. Mais ce débordement de l'esprit reflétait l'apparition de réalités nouvelles, qui sont, elles aussi, nos réalités, le développement de l'industrie, l'entrée dans l'histoire de l'espèce ouvrière. Celle-ci et la bourgeoisie, s'affrontant, prennent alors conscience de leur existence et de leur conflit. C'est le moment où tout devient clair. Et la révolution de 48 continue.
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