Pour Sainte-Beuve
Gallimard
Parution
«Aux femmes, après bien des détours, Sainte-Beuve proposait de planter, fût-ce une fois, le clou d'or de l'amitié.
Il y a toujours eu du Tartufe chez Sainte-Beuve. Cette démarche prudente et sinueuse qui le fait approcher lentement, cerner son objet et chercher davantage à s'insinuer qu'à l'emporter de vive force, on la retrouve dans sa critique, qui n'est vraiment à l'aise que dans des portraits tout en nuances, dans de longues causeries.
On le lui reproche souvent, depuis Proust, non sans raison. C'est lui reprocher de n'être pas autre que ce qu'il est, comme si l'on faisait grief à Quentin de La Tour d'avoir peint tant de visages, et à Daumier de ses caricatures. La vérité de Sainte-Beuve est qu'il s'est intéressé surtout aux livres pour tenter de deviner, de comprendre des êtres, de parvenir à leurs secrets, de planter ce clou d'or qui est connaissance dernière et intime. Comme avec les femmes, il n'a pas toujours réussi, mais ses contemporains, même les plus oubliés, par lui revivent. Il est le témoin de son temps, d'une lecture inépuisable, modèle pour qui ne se lasse pas d'observer, de livre en livre, l'espèce humaine dans sa diversité. C'est une façon d'aimer la littérature qui en vaut une autre.»
José Cabanis.
Il y a toujours eu du Tartufe chez Sainte-Beuve. Cette démarche prudente et sinueuse qui le fait approcher lentement, cerner son objet et chercher davantage à s'insinuer qu'à l'emporter de vive force, on la retrouve dans sa critique, qui n'est vraiment à l'aise que dans des portraits tout en nuances, dans de longues causeries.
On le lui reproche souvent, depuis Proust, non sans raison. C'est lui reprocher de n'être pas autre que ce qu'il est, comme si l'on faisait grief à Quentin de La Tour d'avoir peint tant de visages, et à Daumier de ses caricatures. La vérité de Sainte-Beuve est qu'il s'est intéressé surtout aux livres pour tenter de deviner, de comprendre des êtres, de parvenir à leurs secrets, de planter ce clou d'or qui est connaissance dernière et intime. Comme avec les femmes, il n'a pas toujours réussi, mais ses contemporains, même les plus oubliés, par lui revivent. Il est le témoin de son temps, d'une lecture inépuisable, modèle pour qui ne se lasse pas d'observer, de livre en livre, l'espèce humaine dans sa diversité. C'est une façon d'aimer la littérature qui en vaut une autre.»
José Cabanis.