Port-Royal

, tome III
Édition de Maxime Leroy
Collection Bibliothèque de la Pléiade (no107)
Gallimard
Parution
Manquant de ce rayon qui s'appelle la Grâce, on ne dira pas que Sainte-Beuve était janséniste ; mais il avait, comme les disciples de Jansenius, un caractère pessimiste et par suite l'aptitude morale à comprendre leur amère et désolante doctrine.
On cherche bien loin les origines de son monumental ouvrage, Port Royal, mais ne seraient-elles pas au plus profond de lui-même, dans sa misanthropie native? C'est ce que démontre Maxime Leroy dans la remarquable préface qu'il consacre à l'historien de Pascal et de Saint-Cyran. Pourquoi Sainte-Beuve a-t-il choisi un sujet tel que Port-Royal? Il a répondu lui-même à cette question : «J'y avais, dit-il, été conduit par mon goût pour les existences cachées et par le courant d'inspiration religieuse que j'avais suivi dans les Consolations.» Un texte de 1842 est suggestif : «Mon but est surtout historique, on le sait ; mais il est philosophique aussi, qu'on me permette de le d'ire, plus philosophique peut-être qu'il ne paraît. Je tiens à faire ressortir et à montrer tantôt le côté abrupt, tantôt le côté plausible du point de vue janséniste, à indiquer l'état et le remède chrétien, s'il se peut, mais au moins, au pis, à noter le mal humain, à démasquer la fourbe humaine et l'inconséquence presque universelle.»