Pilotes de ligne
Collection Hors série Littérature
Gallimard
Parution
«La "prière d'insérer" est généralement rédigée par l'auteur ; pourquoi l'auteur n'écrit-il jamais à la première personne du singulier? Je n'aime guère, quoi que je l'aie employée moi·même, cette forme sournoise de l'auto-critique.
Pilotes de ligne et les autres nouvelles de ce recueil sont des aventures et des souvenirs de ma vie de journaliste. Elles ont servi de point de départ à des romans déjà parus comme Fièvre blanche ou à paraître comme Bauduin des mines et Carpant que la N. R. F. publiera cet hiver.
Romancier, je ne puis dépeindre ce que je n'ai pas vu : scrupule de reporter d'abord, – et aussi incapacité naturelle et maladive sincérité. On a reproché à Mollenard la noirceur de certains personnages, – je regrette : le roman demeurait très en deça de la réalité. On a reproché à Fièvre blanche, au Cercle des ombres, à Courrier d'Asie de desservir la cause coloniale : j'ai rencontré dans mes voyages beaucoup de gens très bien, des gens moins bien, parfois des gens pas bien du tout. J'ai montré les premiers avec leurs faiblesses, et j'ai trouvé des excuses pour les seconds. Lorsque les personnages sont projetés sur le papier, l'auteur ne doit pas peser sur leur destinée, – qu'ils aillent jusqu'au bout du livre sans faiblir, tel qu'en eux-mêmes ils sont. J'ai connu le capitaine Little de Nord-Atlantique, Justin Mollenard et Mathilde Mollenard de Mollenard, Damiel Lorcy, Jeanne Lorcy, le Père Le Men et Fouques de Fièvre blanche, le lieutenant Naud, Olcott et Chailloux-Ficelle de Piste du Sud, le ménage Falcoze de Cercle des ombres, ... je pourrais citer les noms exacts.
Le reportage n'est pas seulement le récit abondant ou dépouillé d'un événement, la transcription fidèle d'une interview, mais d'abord la création d'une atmosphère dramatique, la projection d'une vie pathétique.
Est-ce que je heurte le public qui me lit? Je n'ai ni le désir de le heurter, ni celui de le flatter.
Est-ce que je sers ou dessers certaines causes? Je ne suis ni propagantiste, ni prédicateur, ni commis-voyageur.
J'aimerais pourtant apporter un témoignage de confiance en une amélioration sociale ou morale : mais je redoute toute mystique religieuse, nationale, ou raciste.
Je crois, par contre, à la perfection de quelques individus sélectionnés.
Et c'est pourquoi, la bande de ce nouveau livre porte : "Héroïsme sans contagion".»
O.-P. Gilbert.
Pilotes de ligne et les autres nouvelles de ce recueil sont des aventures et des souvenirs de ma vie de journaliste. Elles ont servi de point de départ à des romans déjà parus comme Fièvre blanche ou à paraître comme Bauduin des mines et Carpant que la N. R. F. publiera cet hiver.
Romancier, je ne puis dépeindre ce que je n'ai pas vu : scrupule de reporter d'abord, – et aussi incapacité naturelle et maladive sincérité. On a reproché à Mollenard la noirceur de certains personnages, – je regrette : le roman demeurait très en deça de la réalité. On a reproché à Fièvre blanche, au Cercle des ombres, à Courrier d'Asie de desservir la cause coloniale : j'ai rencontré dans mes voyages beaucoup de gens très bien, des gens moins bien, parfois des gens pas bien du tout. J'ai montré les premiers avec leurs faiblesses, et j'ai trouvé des excuses pour les seconds. Lorsque les personnages sont projetés sur le papier, l'auteur ne doit pas peser sur leur destinée, – qu'ils aillent jusqu'au bout du livre sans faiblir, tel qu'en eux-mêmes ils sont. J'ai connu le capitaine Little de Nord-Atlantique, Justin Mollenard et Mathilde Mollenard de Mollenard, Damiel Lorcy, Jeanne Lorcy, le Père Le Men et Fouques de Fièvre blanche, le lieutenant Naud, Olcott et Chailloux-Ficelle de Piste du Sud, le ménage Falcoze de Cercle des ombres, ... je pourrais citer les noms exacts.
Le reportage n'est pas seulement le récit abondant ou dépouillé d'un événement, la transcription fidèle d'une interview, mais d'abord la création d'une atmosphère dramatique, la projection d'une vie pathétique.
Est-ce que je heurte le public qui me lit? Je n'ai ni le désir de le heurter, ni celui de le flatter.
Est-ce que je sers ou dessers certaines causes? Je ne suis ni propagantiste, ni prédicateur, ni commis-voyageur.
J'aimerais pourtant apporter un témoignage de confiance en une amélioration sociale ou morale : mais je redoute toute mystique religieuse, nationale, ou raciste.
Je crois, par contre, à la perfection de quelques individus sélectionnés.
Et c'est pourquoi, la bande de ce nouveau livre porte : "Héroïsme sans contagion".»
O.-P. Gilbert.
