Collection NRF Essais
Gallimard
Parution
Ce livre raconte l'histoire de l'Italien probablement le plus important du XXᵉ siècle.
Et alors?
Nous plongeant dans le monde bigarré des frères et des prêtres, des clercs et des laïcs, des croyants et des athées, des bons et des méchants, des cultivés et des ignorants, Sergio Luzzato, professeur d'histoire moderne à l'université de Turin, a écrit le grand livre sur la manière dont l'historien-anthropologue doit parler de la sainteté à l'âge laïc : les stigmates – varis ou faux, là n'est pas la question – d'un individu sanctifié disent moins de lui que du monde alentour, des attentes, du besoin de croire, de l'angoisse des intercessions.
Mais encore?
Le 20 septembre 1918, dans le petit village de San Giovanni Rotondo, un frère capucin en prière découvre les stigmates de la crucifixion de Jésus inscrits sur ses mains.
À partir de ce seul commencement, Sergio Luzzatto déploie une enquête extraordinaire : sur l’ordre mineur des Capucins qui tenait enfin, face aux franciscains, son heure de gloire ; sur les Pouilles, région retardataire, saignée à blanc par la Première Guerre mondiale d’où sont revenus des survivants aux corps mutilés par les stigmates de technologies guerrières et que les nationalistes transforment en preuves du devenir christique de la nation ; sur la violence sociale dans la région qui très vite opposa les ouvriers agricoles occupant les terres aux grands propriétaires qui lancèrent contre eux un des premiers faisceaux de Mussolini au prix du plus grand massacre de militants socialistes ; sur l’alliance entre le cléricalisme et le fascisme qui se noue alors et le pilier sera l’université catholique du Sacré-Cœur, qui, des décennies durant, disputera de la vérité des excroissances surnaturelles de saint François et des doutes suscités par les plaies de Padre Pio, creusées peut-être par de l’acide ; sur la présence dans l’entourage du saint de hiérarques fascistes, tour à tour chantres du Duce puis, passé la chute du régime, biographes autorisés du Padre à qui d’autres offrent un hôpital avec l’argent du marché noir dans le Paris de l’Occupation ; sur la reconquête catholique de la société italienne après-guerre avec l’explosion du culte du Padre portée par la presse magazine ; sur la christologie et la définition de ce qu’est l’Église selon Jean XXIII, hostile au culte du capucin, et selon Jean-Paul II qui le canonisera ; sur la place somme toute de ce capucin dans la longue chaîne qui voit, depuis la Contre-Réforme catholique, l’Église répondre par une surenchère à la demande de liturgies rassurantes, de cultes protecteurs et d’analgésiques sociaux.
Un très grand livre, assurément.
Et alors?
Nous plongeant dans le monde bigarré des frères et des prêtres, des clercs et des laïcs, des croyants et des athées, des bons et des méchants, des cultivés et des ignorants, Sergio Luzzato, professeur d'histoire moderne à l'université de Turin, a écrit le grand livre sur la manière dont l'historien-anthropologue doit parler de la sainteté à l'âge laïc : les stigmates – varis ou faux, là n'est pas la question – d'un individu sanctifié disent moins de lui que du monde alentour, des attentes, du besoin de croire, de l'angoisse des intercessions.
Mais encore?
Le 20 septembre 1918, dans le petit village de San Giovanni Rotondo, un frère capucin en prière découvre les stigmates de la crucifixion de Jésus inscrits sur ses mains.
À partir de ce seul commencement, Sergio Luzzatto déploie une enquête extraordinaire : sur l’ordre mineur des Capucins qui tenait enfin, face aux franciscains, son heure de gloire ; sur les Pouilles, région retardataire, saignée à blanc par la Première Guerre mondiale d’où sont revenus des survivants aux corps mutilés par les stigmates de technologies guerrières et que les nationalistes transforment en preuves du devenir christique de la nation ; sur la violence sociale dans la région qui très vite opposa les ouvriers agricoles occupant les terres aux grands propriétaires qui lancèrent contre eux un des premiers faisceaux de Mussolini au prix du plus grand massacre de militants socialistes ; sur l’alliance entre le cléricalisme et le fascisme qui se noue alors et le pilier sera l’université catholique du Sacré-Cœur, qui, des décennies durant, disputera de la vérité des excroissances surnaturelles de saint François et des doutes suscités par les plaies de Padre Pio, creusées peut-être par de l’acide ; sur la présence dans l’entourage du saint de hiérarques fascistes, tour à tour chantres du Duce puis, passé la chute du régime, biographes autorisés du Padre à qui d’autres offrent un hôpital avec l’argent du marché noir dans le Paris de l’Occupation ; sur la reconquête catholique de la société italienne après-guerre avec l’explosion du culte du Padre portée par la presse magazine ; sur la christologie et la définition de ce qu’est l’Église selon Jean XXIII, hostile au culte du capucin, et selon Jean-Paul II qui le canonisera ; sur la place somme toute de ce capucin dans la longue chaîne qui voit, depuis la Contre-Réforme catholique, l’Église répondre par une surenchère à la demande de liturgies rassurantes, de cultes protecteurs et d’analgésiques sociaux.
Un très grand livre, assurément.