Œuvres
, tome I
Édition publiée sous la direction d'André Jardin avec la collaboration de Françoise Mélonio et Lise Queffélec
Collection Bibliothèque de la Pléiade (no379)
Gallimard
Parution
La démocratie est d’actualité. Tocqueville revient. Et l’on se demande s’il est possible de décider sans lui des bases sur lesquelles doit être établie la communauté humaine. Disciple d’un grand ancien : Montesquieu, explorateur d’un ailleurs : l’Amérique, tributaire d’un passé : l’Ancien Régime, Tocqueville s’interroge sur le point de savoir comment bâtir, ici et maintenant, la démocratie. Il ne s’enferme pas pour autant dans un système. Ce qu’il livre à la réflexion de ses lecteurs, c’est moins l’interprétation des faits que des éléments assemblés pour que chacun, suivant le cours des choses, soit à même de construire sa propre vision du monde.
Ce volume propose, outre un choix d’écrits politiques et académiques qui témoignent d’une confondante lucidité, les récits de voyages, dont le texte a été revu d’après les manuscrits : Amérique bien sûr, mais aussi Angleterre, Irlande, Suisse, Algérie. Sans oublier l’Inde, où Tocqueville n’a pu se rendre mais dont il a étudié la colonisation. Le récit du second voyage en Algérie était inédit jusqu’à ce jour.
Au-delà la diversité des itinéraires parcourus et des sociétés analysées, des constantes se font jour. Une même obsession, celle du «point de départ», qui est la volonté de savoir où prennent source les faits observés. Une même méthode, la comparaison, qui conduit Tocqueville en Angleterre d’où il comprendra mieux, par contraste, l’originalité des Américains, ou qui le pousse à étudier l’expérience anglaise dans l’Inde pour trouver des solutions aux difficultés de l’Algérie française. Un même ton enfin, celui du grand journalisme. Attention portée à la diversité des cultures, primat de l’histoire des sociétés sur celle des individus, refus de tout système clos : Tocqueville est un moderne.