Nouveaux portraits

Collection L'Air du Temps
Gallimard
Parution
Françoise Giroud n'était encore qu'une enfant lorsqu'un incident, banal en apparence, lui a fait pressentir l'incompréhension qui accueille tout comportement un peu singulier chez un être humain. Presque en même temps, elle entrevit tout l'intérêt et le plaisir qu'il y aurait à déceler les raisons de ce comportement.
D 'autres ont pu éprouver les mêmes sensations et n'en rien faire. Françoise Giroud, elle, en a fait un des éléments importants de sa carrière de journaliste, dans le sens le plus élevé du terme. Cette carrière dont elle dit «que s'il est vrai qu'elle mène à tout, c'est à condition d 'y rester».
C'est ce goût inné et passionné du mécanisme humain qui l'a tout naturellement conduite à faire des portraits.
Ces portraits, qui reflètent son immense talent, ont, par ailleurs, des vertus peu communes. S'il est vrai qu'ils sont souvent, pour ne pas dire toujours, d'une drôlerie irrésistible, l'auteur, cependant, ne fait jamais un mot d'esprit gratuit. En effet, si d'un trait spirituel et parfois mordant Françoise Giroud souligne une manie, un travers, voire un ridicule, c'est parce qu'il éclaire mieux qu'une longue explication un coin obscur de l'être qu'elle peint. Il semble que l'auteur aime assez l'être humain pour ne pas éprouver le besoin d'y apporter des retouches. En effet, le plus admirable peut-être, c'est qu'il n'est pas nécessaire de connaître le modèle pour sentir que le portrait est criant de vérité, à tel point que l'on serait tenté d'aller chez Françoise Giroud se faire «lire le cœur» comme d'aucuns vont se faire lire les lignes de la main.
Dans un long avant-propos, qui n'est pas un des moindres mérites de ce volume, l'auteur fait, pour notre joie, le portrait collectif du Tout-Paris, celui de l'Homme Célèbre, du Communiste de Salon, des Ministrables, du Jeune Romancier Insolent et de la Jeune Fille qui a écrit un Roman Érotique.
Cet avant-propos, Françoise Giroud le termine par la confidence que «ayant elle-même subi le supplice du portrait, elle ne se sent plus – souhaitons que ce ne soit que pour un temps – le cœur de l'infliger aux autres».
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