Mémoires d'une révolutionnaire
Trad. du russe par Victor Serge
Collection Les Contemporains vus de près
Gallimard
Parution
Après le règne tyrannique de Nicolas Iᵉʳ, l'avènement d'Alexandre II au trône de Russie (1856) et ses premières tentatives de réformes furent acclamés non seulement par la Russie entière, mais même par les révolutionnaires... Cependant le désenchantement fut bientôt général. Malgré la réforme agraire, le paysan réduit à une existence misérable, restait à la merci de son ancien seigneur... D'autre part, la réaction reprit bientôt l'avantage, la presse perdit le peu de liberté qui lui avait été garanti, le mécontentement des classes éclairées fut général. Les étudiants des écoles supérieures subirent l'entraînement des théories révolutionnaireset du socialisme. Ils se jetèrent en masse vers la propagande, parmi le peuple, de ces idées avancées qui leur venaient d'Europe. Le gouvernement y répondit par des persécutions cruelles. Le mouvement, pacifique à son début, changea de caractère ; l'anné 1878 ouvrit une nouvelle phase de lutte. Sans se concerter, les révolutionnaires décidèrent de se défendre : en opposant aux arrestations une résistance armée ; en châtiant les espions et les agents provocateurs. Ceux qui s'étaient distingués par leurs persécutions tombèrent sous les coups des terroristes. Le mouvement prit un caractère de plus en plus politique et en 1879 fut créé un parti, «La Volonté du Peuple», qui déclara une guerre acharnée à l'absolutisme impérial et décida d'employer les moyens les plus violents, comme la dynamite. En deux années, le Comité exécutif de ce parti organisa sept attentats à la vie de l'Empereur ; quatre de ces attentats restèrent inachevés ; mais le 19 novembre 1879, le train où l'on supposait la présence de l'Empereur sauta près de Mosou ; le 5 février 1880, l'explosion provoquée dans le Palais d'Hiver n'atteignit pas le tsar et fit malheureusement de nombreuses victimes parmi la garde du Palais. Mais l'effet psychologique fut retentissant. Enfin, le septième attentat coûta la vie à Alexandre II.
Ce livre expose quelques épisodes de cette lutte où périrent non seulement l'autocrate mais aussi les militants du Parti ; le rôle de ce dernier fut de poser au milieu du silence et de l'immobilité générale le problème essentiel du renversement de l'absolutisme et de son remplacement par un régime constitutionnel appelé à convoquer une Assemblée Constituante, exprimant la volonté du peuple.
Ce livre expose quelques épisodes de cette lutte où périrent non seulement l'autocrate mais aussi les militants du Parti ; le rôle de ce dernier fut de poser au milieu du silence et de l'immobilité générale le problème essentiel du renversement de l'absolutisme et de son remplacement par un régime constitutionnel appelé à convoquer une Assemblée Constituante, exprimant la volonté du peuple.