Les Pas perdus

Pierre Gascar a choisi pour sujet de sa première pièce l'histoire d'une famille bourgeoise ruinée qui habite une des galeries marchandes du Palais-Royal.
Dans un local vétuste que des parois vitrées protègent mal des bruits de l'extérieur et des regards des passants, Mme Veuve Durafour, en compagnie de ses trois grands fils, essaie vainement de faire revivre une vague affaire familiale : Le Répertoire équatorial. Accablée de dettes, elle en viendra à escroquer une prostituée, Justine, qui fait les cent pas dans la galerie.
Réduite à l'essentiel, l'action des Pas perdus serait d'un réalisme assez cruel. Mais l'auteur a su donner à ses personnages une telle vérité et une telle cocasserie que la pièce, en dépit de son âpreté, demeure souriante et poétique.
Son cadre même : le Palais-Royal avec ses péristyles sombres, son jardin, Ia présence de comparses ingénus et touchants, les sentiments enfantins de Justine, les rêves que poursuit chacun des personnages, ont pu faire prononcer à certains critiques le nom de Tchekov, quand d'autres évoquaient Mirbeau et Henri Monnier.