Les Mariages de raison

La Rochefoucauld l'a dit à peu près : tous les mariages sont idiots, mais il en est de délicieux. C'est à quoi l'on pense aux alentours de la quarantaine. D'autant que le plus effroyable des mariages est une liaison qui a trop duré : celle de Sabine et de Gilbert pèse à ce dernier si fort qu'il en vient à concevoir l'idée d'épouser Suzanne qui est charmante. Elle est très jeune, bien plus jeune que lui, mais avec la quarantaine commence le temps béni des petites filles. Ne trouvera-t-il pas auprès d'elle plus de mécomptes encore que ne lui en réservait Sabine? Les mariages qu'il voit autour de lui devraient l'inciter à la prudence. La pitié d'une part, la tendresse de l'autre, le désir d'une vie nouvelle, mais aussi la nostalgie du passé, le conduisent à un choix qui n'en est pas un, ou qui est le pire. Mariage d'amour, mariage de raison, peu importe : mieux vaut toujours s'abstenir, comme le conseillait le saint apôtre Paul. Telle est, peut-être, la morale de ce livre qui, comme les précédents romans de José Cabanis (de L'âge ingrat au Fils), nous «donne à voir» bien des scènes, cruelles, cocasses, quelquefois attendries, souvent assez impitoyables, de la vie de province.