Les automates

Gallimard
Parution
Un fabricant d'automates, Poétro, sorte de Vaucanson (en plus doué), déserte systématiquement le réel. Un jour, un marchand de Nuremberg achète toutes ses poupées, y compris Hermine, œuvre chérie du maître automatiste. Poétro ne peut supporter sa solitude car ses poupées étaient pour lui comme des enfants. Il confie son atelier à son disciple Tiburce et monte dans le même coche que l'homme de Nuremberg. Dans une auberge où un accident de voiture l'oblige à s'arrêter, Poétro retrouve chacun des «modèles inconnus» de ses automates. Il y a un moine, un soldat, un couple d'amoureux et bien d'autres personnages encore... Ainsi il existe une Hermine en chair et en os. Hélas! tout comme l'automate construit à sa semblance, Hermine est privée de mouvement, Poétro guérit la paralytique, mais au moment où il renoue avec le réel, qui prend pour lui les traits de la plus séduisante des créatures, il est assassiné par un soldat... dont la réplique existait aussi dans la galerie d'automates.
Il est difficile de dégager la morale de ce conte qui se trouve au point de rencontre de la poésie, de la fantaisie, et d'un scepticisme qui fleure son XVIIIᵉ siècle. L'auteur s'est adonné aux caprices de son imagination, mais il ressort de son œuvre sinon une morale, du moins une idée maîtresse, à savoir que le créateur est responsable des démons qu'il engendre et qu'il ne doit s'en prendre qu'à lui-même si une de ses créatures diaboliques – idée ou automate, qu'importe! – se révolte contre lui, et le prive du plaisir de jouer plus longtemps avec le feu, serait-ce le feu de l'enfer.