Le Voleur de souffle
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Il y a en nous beaucoup de pensées, d'arts, de savoirs. Certains explorent des univers, nos désirs, et notre mémoire. Pourtant le passage du vent sur les blés nous parle plus qu'aucun livre ; un simple chant d'oiseau nous creuse parfois d'un vide que rien ne comble ; le vacillement d'un regard, un nuage qui se déchire, nous arrachent soudain à toutes nos certitudes. C'est peut-être que ce qui nous concerne vraiment n'est pas de maîtriser ou comprendre, ni même de veiller ou d'être fraternels. Nos paroles sont-elles si fondamentales, si nécessaires ? Est-ce qu'elles ne commencent pas à vivre seulement lorsqu'elles deviennent peu sûres, passantes et défaites, mourants lambeaux comme nos instants ? Lorsqu'elles nous livrent moins au pouvoir des faits et à l'esprit du moment qu'aux tensions et aux luminescences qui nous en délivrent. Comme si le langage ne nous forunissait aucun moyen ni aucune vérité mais ne s'animait qu'à notre insu dans notre respiration la plus démunie.