Le Scénario Freud
Parution
Dans le courant de l’année 1958, le réalisateur américain John Huston demande à Sartre d’écrire un scénario sur Freud, plus précisément sur ce temps conflictuel de la découverte où Freud, renonçant à l’hypnose, invente la psychanalyse. De ce travail de commande, Sartre va se saisir avec autant d’amusement que de passion. Il remet l’année suivante à Huston un scénario, « gros comme ma cuisse », dira le metteur en scène qui demande remaniements et coupures. Mais la seconde version - on reconnaîtra là un trait de Sartre - est encore plus volumineux. Finalement, Sartre renonce et exige que son nom ne figure pas au générique du film Freud, the Secret Passion, tourné en 1961.
Pour écrire son scénario, Sartre lit la biographie de Jones, les Études sur l’hystérie, L’interprétation des rêves. Ces lectures transforment l’image, jusqu’alors plutôt négative, qu’il se faisait de Freud. Elles lui révèlent une personnalité contradictoire, violente et retenue, en lutte permanente avec elle-même et l’entourage. Elles lui montrent que la psychanalyse, avant d’être une doctrine, est le produit d’un long travail mené sur soi et d’abord contre soi. Le lecteur sera surpris de la sympathie avec laquelle Freud est ici représenté (et souvent inventé). Il verra aussi comment, loin d’être un simple divertissement, le scénario Freud a été un moment important dans l’œuvre de Sartre : Les Séquestrés d’Altona, L’Idiot de la famille et aussi Les Mots en dérivent pour une part.
Est-ce ici Sartre qui analyse Freud ou Freud qui analyse Sartre ? L’un et l’autre eurent en tout cas une passion commune : l’hystérie féminine. Ils partagent aussi une même interrogation, autour de quoi Sartre construit son scénario : qu’est-ce que le lien de paternité ?
Pour écrire son scénario, Sartre lit la biographie de Jones, les Études sur l’hystérie, L’interprétation des rêves. Ces lectures transforment l’image, jusqu’alors plutôt négative, qu’il se faisait de Freud. Elles lui révèlent une personnalité contradictoire, violente et retenue, en lutte permanente avec elle-même et l’entourage. Elles lui montrent que la psychanalyse, avant d’être une doctrine, est le produit d’un long travail mené sur soi et d’abord contre soi. Le lecteur sera surpris de la sympathie avec laquelle Freud est ici représenté (et souvent inventé). Il verra aussi comment, loin d’être un simple divertissement, le scénario Freud a été un moment important dans l’œuvre de Sartre : Les Séquestrés d’Altona, L’Idiot de la famille et aussi Les Mots en dérivent pour une part.
Est-ce ici Sartre qui analyse Freud ou Freud qui analyse Sartre ? L’un et l’autre eurent en tout cas une passion commune : l’hystérie féminine. Ils partagent aussi une même interrogation, autour de quoi Sartre construit son scénario : qu’est-ce que le lien de paternité ?