Chroniques
I
Le Progrès fait rage
Parution
«Heureux habitants de l’Essonne et des autres départements français, cette fin de siècle est technologique et pressée, pressée et technologique. Tous les commerçants de détail vous le diront et tous ceux qui vendent des services abonderont dans le même sens : le chaland ne veut plus attendre, le client ne veut plus faire la queue, le consommateur ne supporte plus les délais de livraison. Un seul mot d’ordre : tout de suite ! Qu’importe que la pizza soit en carton tiède légèrement tomaté : il nous la faut en moins d’une demi-heure. Qu’importe que le hamburger soit un mélange de sciure de bois et d’eczéma de bœuf, nous ne l’attendrons pas au comptoir plus de soixante secondes. Et, pendant que nos mâchoires précipitent cette infâmie vers nos estomacs bientôt cancéreux, il faut que le garagiste du coin soit assez véloce pour changer notre pot d’échappement.
Dieu sait pourquoi nous sommes si pressés - peut-être pour pouvoir passer davantage d’heures devant la télévision - mais le marché de la vitesse est l’un de ceux où il a le plus d’argent à gagner.»
Dieu sait pourquoi nous sommes si pressés - peut-être pour pouvoir passer davantage d’heures devant la télévision - mais le marché de la vitesse est l’un de ceux où il a le plus d’argent à gagner.»