Le Profanateur

. Pièce en quatre actes
précédé de La Révolte et le sacré
Collection Blanche
Gallimard
Parution
On sait quelle part a tenu, dans la saison théâtrale 1951-1952, le débat où se sont trouvés confrontés Le Diable et le Bon Dieu de Jean-Paul Sartre, le Bacchus de Jean Cocteau et Le Profanateur de Thierry Maulnier.
L'action est située au siècle de la foi chrétienne, unanime et triomphante, au siècle de saint Louis et des grandes cathédrales.
Le Pape vient de proclamer la Croisade contre Frédéric Il de Hohenstauffen, impie et renégat, devenu l'allié des Sarrasins. À la voix de Rome, Mantoue se soulève contre Wilfrid de Montferrat, capitaine impérial, et le somme de prendre parti.
Mais Wilfrid de Montferrat est de ces hommes qui n'ont pas le goût de prendre parti. Il n'aime que le défi, le danger, le jeu, l'exercice de la liberté humaine poussé jusqu'à ses plus périlleuses extrémités. Rien ne saurait l'empêcher de poursuivre dans Mantoue en armes le cours d'une aventure rigoureusement personnelle, la conquête des femmes dont il a envie et surtout celle du secret de la destinée humaine. Pour reprendre un mot à Ia mode, il est le héros du refus de l'«engagement».
Il affrontera la mort pour défendre son droit à ne pas s'engager. Il affrontera la damnation elle-même. À ume époque de foi, c'est dans le sacrifice de la vie éternelle que la liberté de l'individu peut s'affirmer le plus orgueilleusement.
Par un renversement qui est plus logique qu'on ne pourrait le croire, c'est l'ennemi farouche de Wilfrid, Alde, qui, en fin de compte, essaiera de le sauver ; c'est la femme qui l'aime, Benvenuta, qui, en fin de compte, le perdra.
Mais ne l'a-t-il pas lui-même voulu, et le rendez-vous avec l'Énigme qui clôt toute existence humaine n'était-il pas le seul qui, en fin de compte, lui importât?