Le Poids du ciel
Première parution en 1938
Gallimard
Parution
«Chaque forme de la technique aura exactement sa forme formée avec de la chair sans souvenir, sans membres en trop, sans souffrance possible. La beauté est un mot poétique. Ce sera désormais un mot technique. Cette chair sera belle. Sa beauté est son exacte utilité.
Non, ce n’est pas ici que vous avez reculé d’horreur. Le gouffre de la raison technique ne peut pas vous donner le vertige. Il vous est familier ; il vous est plus familier que votre propre beauté. Vous avez déjà perdu le commandement de vous-même. Ce que vous haïssez, ce qui mot à mot a meurtri votre chair déjà mystérieusement désespérée, c’est tout le reste du livre. Il parlait à de vieux souvenirs qui depuis longtemps sont en trop. Je vais vous dire le vrai motif de votre haine : vous n’avez trouvé personne à adorer dans ces pages ; et vous avez un terrible besoin d’adorer.
La grande vérité est précisément qu’il n’y a rien ni personne à adorer nulle part. Et voilà l’endroit où je vais vous laisser pour qu’à partir de là vous fassiez vous-même votre espérance. Je ne fais effort ni pour qu’on m’aime ni pour qu’on me suive. Je déteste suivre, et je n’ai pas d’estime pour ceux qui suivent. J’écris pour que chacun fasse son compte.»
Jean Giono.
Non, ce n’est pas ici que vous avez reculé d’horreur. Le gouffre de la raison technique ne peut pas vous donner le vertige. Il vous est familier ; il vous est plus familier que votre propre beauté. Vous avez déjà perdu le commandement de vous-même. Ce que vous haïssez, ce qui mot à mot a meurtri votre chair déjà mystérieusement désespérée, c’est tout le reste du livre. Il parlait à de vieux souvenirs qui depuis longtemps sont en trop. Je vais vous dire le vrai motif de votre haine : vous n’avez trouvé personne à adorer dans ces pages ; et vous avez un terrible besoin d’adorer.
La grande vérité est précisément qu’il n’y a rien ni personne à adorer nulle part. Et voilà l’endroit où je vais vous laisser pour qu’à partir de là vous fassiez vous-même votre espérance. Je ne fais effort ni pour qu’on m’aime ni pour qu’on me suive. Je déteste suivre, et je n’ai pas d’estime pour ceux qui suivent. J’écris pour que chacun fasse son compte.»
Jean Giono.