Le partage des eaux
Los pasos perdidos
Trad. de l'espagnol (Cuba) par René L.-F. Durand
Collection La Croix du Sud
Gallimard
Parution
Marié à une actrice, le héros de ce roman, musicien qui a perdu le goût de composer et qui se laisse dévorer par la vie factice de New-York, décide un jour de s’enfuir en compagnie de Mouche, sa maîtresse, pour des régions inexplorées de l’Amérique latine. Les voyageurs, après de nombreuses aventures, s’enfoncent dans la forêt vierge. Mouche tombe gràvement malade et doit être évacuée. Le narrateur tombe amoureux d’une Indienne, rencontre d’étranges personnages et connaît d’incroyables Florides. Cependant, alors qu’il se laisse prendre au charme de la vie naturelle et retrouve la joie d’aimer et de créer, un avion parti à sa recherche se pose dans la forêt, l’enlève, le ramène à la civilisation qu’il retrouve avec un violent sentiment d’ennui et de dérision. Et, laissant tout, il décide de retourner chez les sauvages. Mais il ne reconnaît pas les lieux ; les enchantements sont morts…
Résumer ainsi le roman d’Alejo Carpentier, c’est assurément le trahir. Car peu importent les péripéties : il s’agit avant tout de thèmes, comparables à ceux d’une symphonie, que l’auteur traite en musicien et en poète. Le thème de New-York, le thème de la Révolution, le thème du Cheval, le thème de l’Humidité, le thème de la Forêt, etc., fournissent à l’auteur autant de somptueuses images. Une floraison baroque recouvre le récit. L’art d’Alejo Carpentier, que nous avions déjà aimé dans Le Royaume de ce monde, s’épanouit ici dans une luxuriante originalité.