Le jour et la nuit
. Cahiers 1917-1952
Collection Hors série Connaissance
Gallimard
Parution
Le jour et la nuit sont les réflexions et les propos d’un peintre…
Quiconque a tenté, ne fût-ce qu’une fois dans sa vie, d’écrire ou de peindre, a passé par ce chemin : c’est que l’on peut rêver cent nuits de suite à la plus belle œuvre du monde, en fixer par avance le plan et les grandes lignes, en former et en polir l’idée, s’en trouver obsédé, ravi, effaré – on n’a rien fait tant que les premières pages ne sont pas écrites, ni les premiers coups de pinceau donnés. On n’a rien fait, sinon peut-être se donner une hantise – quelque système d’idées fixes – auxquelles ce ne sera pas trop pour échapper, de l’œuvre tout entière. Et précisément de la «matière» de cette œuvre : des voyelles et des consonnes, des mots bruts ; des couleurs et de l’huile, de l’essence et de la toile même ; et de cet étrange système de rapports, où chaque phrase, chaque touche, engage un peu plus loin l’auteur, invite à de nouvelles tâches et de nouvelles lignes et de nouveaux mots que la réflexion pure n’eût pas imaginés. Matisse disait en ce sens : le principal élément du tableau, c’est les quatre côtés du cadre. (Et Braque : on ne sait jamais d’où viendra l’appel…) Ainsi fait-il partie du génie qu’il ne cesse de s’étonner soi-même. L’on a vu quelques-uns de ses étonnements. Il en est d’autres. On les trouvera dans ce petit livre.
Quiconque a tenté, ne fût-ce qu’une fois dans sa vie, d’écrire ou de peindre, a passé par ce chemin : c’est que l’on peut rêver cent nuits de suite à la plus belle œuvre du monde, en fixer par avance le plan et les grandes lignes, en former et en polir l’idée, s’en trouver obsédé, ravi, effaré – on n’a rien fait tant que les premières pages ne sont pas écrites, ni les premiers coups de pinceau donnés. On n’a rien fait, sinon peut-être se donner une hantise – quelque système d’idées fixes – auxquelles ce ne sera pas trop pour échapper, de l’œuvre tout entière. Et précisément de la «matière» de cette œuvre : des voyelles et des consonnes, des mots bruts ; des couleurs et de l’huile, de l’essence et de la toile même ; et de cet étrange système de rapports, où chaque phrase, chaque touche, engage un peu plus loin l’auteur, invite à de nouvelles tâches et de nouvelles lignes et de nouveaux mots que la réflexion pure n’eût pas imaginés. Matisse disait en ce sens : le principal élément du tableau, c’est les quatre côtés du cadre. (Et Braque : on ne sait jamais d’où viendra l’appel…) Ainsi fait-il partie du génie qu’il ne cesse de s’étonner soi-même. L’on a vu quelques-uns de ses étonnements. Il en est d’autres. On les trouvera dans ce petit livre.