Le fils indigne

Collection Blanche
Gallimard
Parution
«Voici toute la vie d'un chantage. Comment il naît et se développe, comment il finit. Quels hommes le font, quel homme le craint, quelles personnes en souffrent Le tout garanti sans nulle clé. Libre à chacun d'en poser une où il lui plaira. Peut-être, aussi bien, jouera-t-elle. Les serrures des coquins sont interchangeables.
Ce n'est pas que Jérôme aime l'indignité, mais la guitare nourrit son homme et ses faims sont grandes. N'ayant, en somme, jamais choisi de se mal conduire, il ne s'est jamais bien conduit. D'abord indélicat envers une banque (insoumis, déserteur quand la guerre éclate), puis, des années, coureur de monde et trafiquant louche, le voici qui, marié, se livre au chantage. Vient la crise, tout au moins pour son officine. Les cordes qu'il grattait claquent une par une. Obligé de tomber à des imprudences, il entraîne dans sa chute sa famille entière. Je répète que, nanti de quelques millions, il n'eût jamais abandonné les voies honorables.
Poupiot, son patron, les ignore. Fagonnet s'en écarte en sombre imbécile et se fait dévorer au premier faux pas. Qui nous dira, chantant d'abord, puis se rebiffant, ce qu'il faut penser de Journet? Toute la pitié ira, sans doute, à madame Ercline, qui n'a contre elle, dans cette histoire où elle ne peut rien, que d'avoir, toute jeune fille, mal placé son cœur. Qui en a souffert toute sa vie. Et qui meurt, après tout, sans le regretter!»
Henri Deberly.
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