Le fer rouge de la mémoire - Jorge Semprún
Jorge Semprún
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Le fer rouge de la mémoire

Collection Quarto
Gallimard
Parution
«A-t-on vraiment vécu quelque chose dont on n'arrive pas à faire le récit, à reconstruire significativement la vérité même minime – en la rendant ainsi communicable? Vivre vraiment, n'est-ce pas transformer en conscience – c'est-à-dire en vécu mémorisé, en même temps susceptible de devenir projet – une expérience personnelle? Mais peut-on prendre en charge quelque expérience que ce soit sans en maîtriser plus ou moins le langage? C'est-à-dire l'histoire, les histoires, les récits, les mémoires, les témoignages : la vie? Le texte, la texture même, le tissu de la vie?»
(Quel beau dimanche!, 1980)

«Un jour viendrait, relativement proche, où il ne resterait plus aucun survivant de Buchenwald. Il n'y aurait plus de mémoire immédiate de Buchenwald : plus personne ne saurait dire avec des mots venus de la mémoire charnelle, et non pas d'une reconstitution théorique, ce qu'auront été la faim, le sommeil, l'angoisse, la présence aveuglante du Mal absolu – dans la juste mesure où il est niché en chacun de nous, comme liberté possible. Plus personne n'aurait dans son âme et son cerveau, indélébile, l'odeur de chair brûlée des fours crématoires.»
(L'Écriture ou la vie, 1994)