Le diapason de l'orage

Ce que comporte de fantastique Le diapason de l'orage, – ce premier roman d'un homme de trente ans, – surprend d'abord, – puis séduit, – retient enfin ; parce que derrière l'étrange histoire que conte René Roger, on devine tout un univers, invisible, sur lequel il ouvre une surprenante fenêtre. Le personnage principal de ce roman est l'Eau : l'eau du ciel, celle de la mer, celle des lacs et des rivières. Fluide personnage. Pluie, orage, inondation . Et le Feu, qui sèche et purifie.
Dans l'aventure symbolique des deux amis, de Mineline et de Murcille, dans ce drame obscur et plein d'éclairs, que traverse le bond de l'étalon Isabelle, une histoire humaine déroule les anneaux de sa chaîne, suivant le rythme éternel. C'est ce déroulement que l'on suit, à travers la musique d'un récit qui sait être inhabituel. «Comme les formules des hommes remplissent bien leur mission déformative, amenuisante, prosaïgène des plus beaux rêves des hommes! dit l'un des héros du livre. Comme elles s'entendent bien à éteindre l'éblouissante lumière qui illumine trop rarement leur vie et leur permet de se libérer de leur termitière...». C'est hors de la termitière, hors du «Chenil de cauchemar» qne René Roger entraîne son lecteur et c'est avec l'art du romancier et les dons du poète qu'il le guide vers ces sommets où «les petites âmes rabougries s'éveillent et gonflent», où «les visages ternis s'épanouissent.»