La vingt-cinquième image

. Une économie de l'audiovisuel
Première parution en 1989
Quatrième édition en 2006
Gallimard
Parution
À chaque seconde de projection, la télévision ajoute une vingt-cinquième image, comme pour satisfaire plus rapidement sa boulimie de cinéma. Cette légère accélération a bouleversé le secteur. L'effondrement de la fréquentation a mis le grand écran sous la dépendance du petit, sa forte reprise au tournant du millénaire indique que les deux médias sont passés d'une coexistence plus ou moins pacifique à un développement séparé mais solidaire. La télévision, notamment sous ses formes les plus récentes, utilise des images du septième art pour assurer en partie son expansion ; le cinéma, lui, se sert de ce marché pour assurer son financement.
L'avènement du numérique a révolutionné cette industrie. L'utilisation d'un langage informatique unique, alliée à la compression pour traiter et transporter image et son, banalise les supports et les fait converger vers un modèle unique. Cette nouvelle technologie, qui démultiplie les services rendus aux consommateurs et fait exploser la demande de programmes, a besoin d'un marché de masse pour s'épanouir. Elle a engendré un processus de concentration horizontale et verticale inédit dans ce domaine de la communication même si certaines entreprises prennent conscience que le gigantisme ne coïncide pas toujours avec la plus grande efficacité.
La compétition mondiale s'en trouve intensifiée et la domination américaine renforcée. En même temps, frontières politiques et espaces économiques nationaux deviennent, grâce au satellite à à Internet, de plus en plus virtuels. La France a toujours développé une politique sophistiquée de protection de ses industries audiovisuelles selon un modèle qui peu à peu s'exporte. En 2006, l'Unesco a ainsi adopté une charte de la diversité culturelle.
Reste le septième art. Tant qu'il protégera son pouvoir d'émotion et que sa prestigieuse mémoire hantera les esprits, sa survie devrait être assurée. Son seul atout est encore de conserver vingt-quatre images sur vingt-cinq, d'exiger du public ce supplément d'effort qui entretient son désir.