La Nuit italienne

suivi de Cent cinquante marks et de Don Juan revient de guerre
Italienische Nacht
Trad. de l'allemand (Hongrie) et préfacé par Renée Saurel
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis 
1993
«Mort accidentellement à Paris en 1938, Ödön von Horváth laissait dix-sept pièces dont la plupart furent écrites entre 1926 et 1936. Les trois œuvres figurant dans ce volume appartiennent à deux périodes que sépare la terrible année de 1933, celle de la «résistible ascension» de Hitler.
Comme Histoires de la forêt viennoise qui valut à Horváth la haute récompense du prix Kleist, La Nuit italienne fut écrite en 1930. C'est une pièce politique, dans laquelle Horváth dénonce la bestialité nazie et adresse à la gauche allemande, endormie dans la fallacieuse démocratie de Weimar, et impuissante parce que désunie, un cruel avertissement.
La deuxième pièce, Cent cinquante marks ou La foi, l'espérance et la charité, fut écrite en 1932 et inspirée à Horváth par un fait divers, que lui relata Lukas Kristl, à qui l'œuvre est d'ailleurs dédiée. C'est l'histoire d'un suicide qui est en réalité un meurtre collectif : celui d'une jeune fille par la bêtise et l'esprit petit-bourgeois. Heinz Hilpert travaillait à sa mise en scène, en 1933, quand il fut sommé d'y renoncer. Poursuivant Horváth, les nazis, déjà, perquisitionnaient dans la maison de ses parents, à Murnau. La pièce fut créée à Vienne, en 1936.
Don Juan revient de guerre date de 1935. Horváth a fui l'Allemagne et vit à Vienne, dans l'insécurité matérielle et l'angoisse morale. Autant que le drame personnel de ce Don Juan, ex-bourgeois revenant de la guerre de 1914-1918, le contexte, ici, captive : dans ce monde en ruine, certains s'accrochent désespérément au passé, d'autres essaient de construire un avenir plus juste. Blessé à mort, Don Juan contemple ironiquement les uns et les autres... Jouée sur plusieurs scènes, la pièce a fait également l'objet d'une "dramatique télévisée" à Zurich.
Dans ces trois pièces, on retrouve le digne successeur de Nestroy : même causticité, même ironie, même goût de la démystification, même allégresse pour fustiger la bêtise. Mais derrière Horváth satirique se cache, avec une extrême pudeur, un Horváth tendre, généreux, fraternel, qui a le sens de la justice et la nostalgie d'une démocratie véritable.»
Renée Saurel.