La Musique des anges
Collection Blanche
Gallimard
Parution
«À la Sainte Lucie, au plus noir de l’hiver, on donne aux enfants de Suède de petits manèges d’anges musiciens. Il s’en élève une fugace et poignante musique, à peine saisissable, et qui pourtant ravit. C’est une mélodie du même ordre que laissent échapper les récits dont est composé le dernier livre de Marcel Arland, une mélodie qui célèbre, au plus noir des désastres dont une longue vie peut accabler un homme, et avec lui tous les hommes, un miraculeux éclair : la grâce, un instant, de l’accord entre n’importe lequel d’entre nous et le coin de terre où il fait halte, de l’accord entre celui qui parle et ses lieux de prédilection.
Celui qui parle a passé soixante-cinq ans. Il ne raconte pas sa vie. Mais il retrace et revit ce qui lui est apparu, au cours de ces dernières années, comme l’essentiel. Il parle pour d’autres, pour une très vieille femme immobile et presque aveugle, pour l’enfant qu’il fut, fou d’angoisse derrière les portes fermées, pour un couple qui s’aime et se déchire, pour une jeune femme criminelle, pour un inconnu, pour vous, pour moi – et tout se passe comme s’il donnait voix au bonheur, au malheur d’aimer, au bonheur, au malheur de vivre. Plus émouvant peut-être encore lorsqu’il parle en son propre nom, cet homme vieilli fait le compte mélancolique de ce qu’il appelle ses jours. Il s’avoue, se raille, s’encourage, se condamne, tâche à se pardonner; et sans fin poursuit, comme les mystiques cherchant Dieu, la voie qui conduit à la délivrance, fût-ce d’un instant. Il en connaît la progression : l’attente, l’accueil, l’accord. Et l’accord vient avec un rayon de pâle soleil, une odeur de branches mortes, les ajoncs éclatants sur la lande, ou seulement un ciel pur qui couronne les pierrailles des garrigues. Puis tout retombe, l’âme reprend son combat, l’amertume et la moquerie retrouvent leur pointe, la détresse et la révolte de leur sombre manège. Il faut recommencer d’attendre…
La Musique des Anges est sans doute le livre le plus intime et le plus passionné, le plus ouvert en même temps, qu’ait écrit l’auteur du Grand Pardon et de La Consolation du Voyageur.»
Dominique Aury.
Celui qui parle a passé soixante-cinq ans. Il ne raconte pas sa vie. Mais il retrace et revit ce qui lui est apparu, au cours de ces dernières années, comme l’essentiel. Il parle pour d’autres, pour une très vieille femme immobile et presque aveugle, pour l’enfant qu’il fut, fou d’angoisse derrière les portes fermées, pour un couple qui s’aime et se déchire, pour une jeune femme criminelle, pour un inconnu, pour vous, pour moi – et tout se passe comme s’il donnait voix au bonheur, au malheur d’aimer, au bonheur, au malheur de vivre. Plus émouvant peut-être encore lorsqu’il parle en son propre nom, cet homme vieilli fait le compte mélancolique de ce qu’il appelle ses jours. Il s’avoue, se raille, s’encourage, se condamne, tâche à se pardonner; et sans fin poursuit, comme les mystiques cherchant Dieu, la voie qui conduit à la délivrance, fût-ce d’un instant. Il en connaît la progression : l’attente, l’accueil, l’accord. Et l’accord vient avec un rayon de pâle soleil, une odeur de branches mortes, les ajoncs éclatants sur la lande, ou seulement un ciel pur qui couronne les pierrailles des garrigues. Puis tout retombe, l’âme reprend son combat, l’amertume et la moquerie retrouvent leur pointe, la détresse et la révolte de leur sombre manège. Il faut recommencer d’attendre…
La Musique des Anges est sans doute le livre le plus intime et le plus passionné, le plus ouvert en même temps, qu’ait écrit l’auteur du Grand Pardon et de La Consolation du Voyageur.»
Dominique Aury.